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Photographier un feu d’artifice

Devant un feu d’artifice, que nous soyons petits ou grands, nous sommes tous plus ou moins émerveillés, fascinés par ce tableau vivant de sons et lumières. Un peu comme le photographe, le pyrotechnicien est un artiste qui écrit avec la lumière (c’est l’étymologie même de la photographie)… de manière assez poétique, on pourrait dire que photographier un feu d’artifice, c’est un artiste de la lumière qui immortalise l’œuvre d’un autre artiste de la lumière… à nous en tant que photographes de transcrire au mieux en photos toute la beauté d’un feu d’artifice.

Dans ce but, au travers de cet article, je vais vous guider pas à pas pour que vous puissiez réussir vos photos de feu d’artifice.
Bien photographier un feu d’artifice nécessite un peu de matériel, une bonne préparation et quelques connaissances pour la prise de vue. Feu d'artifice à Saint-Jean-de-Luz le 14 juillet 2019

Avant le feu d’artifice : la préparation

Comme avant toute séance de prises de vue il ne faut pas négliger la phase de préparation. Mais comme vous êtes en train de me lire je suppose que vous êtes justement en plein dans cette phase ou bien… vous avez loupé vos dernières photos de feu d’artifice et vous voulez comprendre pourquoi 😉 .

Le matériel photo pour couvrir un feu d’artifice

Feu d'artifice au fort de Socoa à CibourePhotographier un feu d’artifice va nécessiter des temps de pose longs de quelques secondes. En effet, il va falloir le temps que toute l’action s’impressionne sur le support photosensible : au minimum une explosion et la dispersion d’une gerbe lumineuse… avec un peu plus de temps d’exposition, il sera même possible d’avoir plusieurs explosions de fusées tirées à la suite sur la même photo (ce qui pourra être du plus bel effet).

Pour réussir vos photos de feu d’artifice, vous devez donc disposer du matériel photo suivant :

Un APN autorisant des poses longues

Pour vos photos de feu d’artifice, il est indispensable d’utiliser un appareil photo capable de prendre des photos avec une pose longue de quelques secondes. Pas de problème pour les reflex et les hybrides qui disposent normalement des modes semi-automatiques, du mode manuel et d’un mode Bulb (le photographe laisse ouvert l’obturateur le temps qu’il le souhaite). Pour les autres appareils photo qui n’auraient pas ces modes de prises de vue, la plupart auront, au mieux un mode scène adapté pour les feux d’artifices, ou à défaut, un mode nuit.

Attention, le « mode nuit » n’est pas forcément une bonne solution car certains appareils vont supposer que vous n’avez pas de trépied et ils vont donc imposer une vitesse un peu trop rapide pour un feu d’artifice.

Un trépied

A moins de faire de la photo conceptuelle, la photo de feu d’artifice impose une longue exposition et donc nécessite d’utiliser un trépied pour éviter le flou de bougé (pensez bien à fixer tout de suite le plateau d’attache rapide sur votre appareil si votre trépied est équipé d’un tel système).

Une télécommande

Avec un trépied, je vous conseille d’utiliser une télécommande, cela évitera de faire trembler votre appareil lorsque vous appuyez sur le déclencheur. Vous pouvez toujours utiliser le retardateur, mais vous allez perdre en souplesse. Il est bon d’être réactif dans ce type de prise de vue.

Pour le choix de la télécommande, je vous déconseille la télécommande infrarouge qui, si elle est assez pratique pour un autoportrait, l’est beaucoup moins lorsque l’on se tient derrière son appareil (il faut viser la cellule infrarouge située devant l’appareil).
La bonne vieille télécommande filaire fera parfaitement l’affaire. Elle est peu chère et fiable. En plus, elle fonctionne sans piles, donc aucun risque de vous retrouver avec une télécommande inutilisable, faute d’avoir pensé à vérifier l’état de charge des piles avant de partir sur le terrain.
Il existe aussi des télécommandes radio sans fil mais si elles sont très performantes, elles seront bien plus chères qu’une simple filaire (et nécessite des piles).

Un niveau pour un horizon droit

S’il n’est pas indispensable, un niveau pour s’assurer que l’horizon sera bien droit sur la photo sera un plus non négligeable. Certains pieds ont des niveaux directement intégrés. Il existe aussi des petits niveaux qui se glissent dans la griffe porte-flash de votre appareil (c’est une évidence mais j’en profite quand même pour vous rappeler que le flash ne vous sera d’aucune utilité pour les photos de feu d’artifice…). A noter que de plus en plus d’appareils sont équipés d’un niveau électronique (en mode live-view et/ou directement dans le viseur).

Un objectif adapté

Si vous êtes équipé d’un reflex, le choix de l’objectif dépendra de votre éloignement par rapport à la scène. La plupart du temps un zoom transtandard débutant avec un grand angle s’avérera un choix judicieux au vu de l’ampleur des feux d’artifice. Un zoom sera largement préférable à une focale fixe car vous pourrez ajuster plus finement votre cadrage sans devoir changer de position (ce qui d’ailleurs sera parfois tout simplement impossible). Par sécurité, vous pouvez emmener un autre zoom de plage de focale différente pour palier à un imprévu (la place convoitée est déjà prise, vous êtes beaucoup plus loin…).

Comme souvent je conseille de garder votre pare-soleil sur votre appareil. Non, non je ne délire pas, oui je sais un feu d’artifice ça se passe la nuit… mais en plus de protéger la lentille frontale de votre optique (ce qui peut être un plus non négligeable surtout lorsque l’on est loin d’être seul), cela pourra éviter à des lumières parasites de pénétrer dans l’objectif 😉 

Le matériel complémentaire

Vous pouvez ajouter à la liste précédente :

  • Un Sac plastique ou autre équipement spécifique pour protéger le matériel de la pluie (on ne sait jamais)
  • Une lampe de poche, une frontale de préférence (plus pratique)
  • De quoi patienter sereinement (chaise de camping, lecture, jeux sur smartphone, bouteille d’eau, un en-cas… bref de quoi tenir un siège, enfin votre siège ou plutôt votre place avec ou sans chaise :->)

Feu d’artifice ou pas, quelle que soit la sortie photo, pensez également au matériel suivant :

  • Chiffon pour nettoyer la lentille frontale (poussières, gouttes de pluie… )
  • Pensez à avoir une batterie bien chargée et même si possible une ou plusieurs batterie de rechange (les poses longues et l’utilisation de l’écran-arrière de l’appareil photo vident plus rapidement les batteries que lors d’une utilisation plus « classique »)
  • Une carte mémoire vide (et au moins une autre de réserve au cas où).

Et en plus de tout cela, vous pouvez ajouter l’objet mystère du jour :

  • un carton ou un tissu noir… nous verrons pourquoi dans la partie consacré à la prise de vue !

S’informer

Au minimum, vous devez connaître l’heure de début du feu d’artifice (il faudra bien sûr arriver à l’avance pour avoir une bonne place) et le ou les lieux précis d’où partiront les fusées (si l’information n’est pas disponible sur internet, rapprochez-vous de l’office du tourisme).

Pensez aussi à consulter un site météo avec des prévisions locales par tranches horaires (en gardant en tête que ce ne sont que des prévisions !) : vous pourrez avoir un certain nombre d’informations utiles comme la couverture nuageuse, le risque de pluie, la température (pensez à être suffisamment couvert car vous allez devoir rester sans bouger de votre place un certain temps) et même la direction et la force du vent…

Repérer les lieux

Une vision d’ensemble du site sur une carte internet (Google maps est ton ami !) permet déjà de se faire une idée des positions qui pourraient convenir.
Mais le mieux est de faire un repérage sur le site lorsqu’il fait encore jour afin de chercher le meilleur endroit pour faire vos prises de vue (une fois en place il sera délicat de changer de position).

A quelques heures du feu d’artifice, les installations et tubes de lancement des fusées seront déjà en place. Repérez-les (vos jumelles ou un téléobjectif pourront vous y aider). Cela vous donnera les positions précises des départs du feu d’artifice.

Feu d'artifice dans la baie de Saint-Jean-de-LuzSi le cadre est beau, l’idéal est de pouvoir photographier le feu d’artifice dans son environnement (votre photo aura un cachet supplémentaire si vous n’avez pas juste des gerbes dans le ciel).
Le mieux est d’emmener déjà votre matériel pour vérifier les positions et cadrages possibles (cela permet aussi de valider le choix de la focale en ayant toutefois en tête que les fusées peuvent partir haut dans le ciel).
Pensez aussi qu’un bon emplacement c’est un endroit où personne ne pourra se mettre juste devant vous ! Une position en hauteur ou contre une barrière pourra faire l’affaire. Réfléchissez aussi à la place que prendra le trépied et à sa stabilité…

Si le repérage se fait à quelques heures du feu d’artifice, faites attention au vent (en espérant qu’il ne change pas de direction). Dans la mesure du possible, il faut privilégier un emplacement où les fumées chassées par le vent ne masqueront pas le feu d’artifice. Evitez en particulier d’être face au vent !

Pendant le feu d’artifice : la prise de vue

Trouver le bon emplacement en repérage est une chose, l’avoir en est une autre ! Pour espérer avoir votre place de rêve, pas de secret, il faudra arriver à l’avance et garder la place (d’où le point « de quoi patienter sereinement » dans la partie sur le matériel 😉 ). Les feux d’artifices sont des évènements très populaires et les bonnes places sont chères même dans les petites communes !

Les réglages de base

Vous avez du temps devant vous, vous pouvez en profiter pour faire quelques clichés d’ambiance et surtout lorsque l’heure arrive et la nuit tombe, préparer vos réglages pour être fin prêt le moment venu.

Le cadrage

Mettez en place votre trépied et ajustez votre cadrage (en tout cas celui que vous pensez être le bon par anticipation) en prenant soin d’avoir la ligne d’horizon bien droite. Le mode portrait peut être intéressant à utiliser pour ne pas couper les pièces hautes du feu d’artifice. De manière générale il est préférable d’avoir un cadrage un peu plus large que nécessaire quitte à recadrer légèrement en post-traitement plutôt que d’avoir trop souvent des bouquets du feu d’artifice coupés.

Si votre objectif ou votre appareil est stabilisé, pensez à désactiver la stabilisation. Ce n’est pas nécessaire lorsque l’appareil est sur trépied et cela peut même s’avérer avoir un effet négatif sur la netteté de la photo.

La balance des blancs

Par nature, les photos de feux d’artifices présenteront souvent une dominante colorée. Mettre la balance des blancs en mode « automatique » risque de corriger cette dominante alors qu’elle participe justement à l’ambiance lumineuse de la scène.
Pour ma part, j’utilise la balance des blancs « lumière du jour » (généralement le symbole représente un soleil) et les couleurs me semblent conformes à ce que j’ai pu observer au moment du feu d’artifice.

Si vous prenez vos photos au format RAW, pas de soucis, vous pourrez toujours changer après coup la balance des blancs dans votre logiciel favori de développement sans aucune perte qualitative. Mais bon, si la balance est bien réglée dès la prise de vue, ce sera toujours ça à voir en moins au moment du post-traitement…

La mise au point

Lorsqu’il fait sombre ou nuit, comme lors d’un feu d’artifice, l’autofocus risque d’avoir des difficultés à faire le point et va perturber la prise de vue. Il est préférable de le débrayer en choisissant la mise au point manuelle (sur la plupart des objectifs il y a un loquet qui permet de passer en mode manuel). S’il y a encore suffisamment de lumière, avant de débrayer faite la mise au point à un endroit approprié pour que les photos à venir soient nettes ou tournez simplement la bague de mise au point sur la marque de l’infini ou un peu avant.
Pour ceux qui connaissent, vous pouvez aussi utiliser l’hyperfocale pour optimiser la profondeur de champ (cela pourra être utile si vous avez un premier plan assez proche). N’hésitez pas à faire un ou deux tests et vérifier en zoomant sur votre écran si la netteté est correcte. Une fois la mise au point effectuée, passez la mise au point en mode manuel et n’y touchez plus.

Le mode d’exposition Bulb

Comme beaucoup de photographes, je préconise le mode Bulb pour faire des photos de feux d’artifices. En mode Bulb (également appelé « pose B »), l’exposition durera tant que vous maintenez enfoncé le déclencheur. Nous verrons un peu plus loin que c’est le mode qui apporte le plus de souplesse dans ce type de prise de vue.

  • Chez Nikon et Sony, il faut passer en mode d’exposition M (Manuel), réglez la vitesse d’obturation sur « Bulb » (pose B). Sur certains appareils Nikon il existe aussi une pose T (« Time ») : avec ce mode, il faut appuyer une première fois sur le déclencheur pour lancer l’exposition puis une seconde fois pour l’arrêter.
  • Chez Canon et Pentax il existe un mode de prise de vue B (Bulb), généralement sélectionnable directement par la molette des modes d’exposition.

Il s’agit bien sûr de généralités et un modèle d’appareil particulier peut avoir son fonctionnement propre (si les indications précédentes ne sont pas suffisantes, reportez-vous directement au mode d’emploi de votre appareil photo).

Avant de partir sur le terrain, si vous n’êtes pas familier avec tel ou tel réglage, comme par exemple l’utilisation de votre télécommande en mode Bulb, entraînez-vous au calme. Afin de mettre toutes les chances de réussite de votre côté, faites quelques essais pratiques avant le feu d’artifice. Ce n’est pas dans le feu (c’est le cas de le dire 🙂 ) de l’action et dans la pénombre que vous allez apprendre à régler votre appareil !

La sensibilité ISO

Vous êtes stabilisé avec le trépied et cherchez à faire une pose longue donc pas besoin de monter en sensibilité : gardez une sensibilité basse ; 100 ou 200 ISO feront parfaitement l’affaire.

L’ouverture

Feu d'artifice à Saint-Jean-de-LuzUn peu comme avec un flash, l’ouverture et la sensibilité ISO seront les deux paramètres qui vont le plus influencer l’exposition des éclairs et autres traînées lumineuses du feu d’artifice. La vitesse d’obturation (ou temps de pose) est moins prépondérante, elle aura surtout un impact sur le nombre d’effets lumineux visibles sur la photo et sur l’exposition de l’environnement (la lumière ambiante).
Vous pouvez commencer avec une ouverture de f/11. Sur vos premières photos, vérifiez l’exposition en passant par l’histogramme de l’image et fermez un peu plus le diaphragme si la photo est trop surexposée ou rouvrez-le si c’est le contraire.

La vitesse d’obturation

Comme expliqué en début d’article, le temps de pose devra être suffisamment long pour faire apparaître sur la photo le visuel d’une ou plusieurs fusées (traînée incandescente, bouquet…) : on peut considérer que le temps de pose minimum sera d’au moins 1 à 2 secondes et ce temps pourra être beaucoup plus long selon les conditions. Lorsque le rythme du feu d’artifice est soutenu 2 à 5 secondes suffiront généralement pour avoir déjà pas mal de traces lumineuses. Au-delà vous risquez peut-être d’avoir une photo surchargée. Mais si le rythme est moins soutenu une vitesse d’obturation de l’ordre de 10 secondes ou plus pourra également très bien convenir.

La prise de vue

Conseils généraux

Au début de la séance vérifiez rapidement sur les premières photos que le cadrage et l’exposition sont corrects. Adaptez les réglages si nécessaire.
Surtout ne restez pas l’œil vissé dans votre viseur car vous verrez au dernier moment ce qui arrive dans le cadre et manquerez en réactivité. Ayez une vision globale pour essayer d’anticiper au mieux et déclencher au bon moment.

Sur trépied, pour vos photos de feu d’artifice, n’hésitez pas à utiliser le mode de visée par l’écran-arrière (mode live view).
Dans le cas de la photographie de feu d’artifice, j’y vois 3 avantages :

  1. Dans ce mode, l’appareil va généralement vous montrer une image plus claire que ne l’est la scène à photographier, ce qui devrait faciliter le travail de cadrage (alors que le viseur optique d’un reflex montre juste la scène de nuit telle qu’elle est, sans pouvoir redresser le manque luminosité).
  2. Le trépied, associé à ce mode de visée, vous incite à ne pas avoir l’œil dans le viseur et donc, comme dit précédemment, d’anticiper pour déclencher au bon moment.
  3. Sur un appareil reflex, avec ce mode de visée, vous évitez le risque de flou de bougé lié au mouvement du miroir (sans même devoir activer l’option de verrouillage du miroir).
Techniquement, l’idéal est de réussir à combiner harmonieusement une bonne exposition pour le feu d’artifice et aussi pour son environnement. Il s’agit donc de trouver le couple sensibilité et ouverture qui vous donnera une bonne exposition pour les effets lumineux du feu d’artifice et induira une vitesse d’obturation qui pourra faire suffisamment ressortir le décor tout en donnant le temps nécessaire et suffisant pour une composition harmonieuse des feux (ni trop, ni trop peu, sous peine d’avoir soit une composition surchargée soit à l’inverse d’avoir quelques traînés lumineuses qui se perdent dans le cadre). Vous l’aurez compris l’exercice pris dans sa globalité n’est pas si évident…

Si votre appareil le permet, faites vos photo en RAW, vous aurez plus de latitude ensuite pour récupérer des photos dont l’exposition sera approximative.

Pour éviter de se prendre trop la tête, je pense toutefois que l’essentiel sera de donner priorité à l’exposition de votre feu d’artifice et à sa composition (et notamment le nombre de fusées sur la photo) puisqu’il est votre sujet principal.

L’utilisation d’un tissus noir

Feu d'artifice à Saint-Jean-de-LuzPour ce qui est de la composition, il y a une carte majeure dont nous n’avons pas encore parlé : le fameux carton ou tissu noir évoqué dans la partie sur le matériel : comme nous sommes en mode Bulb, nous pouvons faire varier notre temps d’exposition comme nous le voulons et donc nous adapter à la scène qui se déroule sous nos yeux.
En effet, si vous masquez votre objectif avec un tissu noir, aucune lumière ne pénétrera par l’objectif pour impressionner le capteur, même si l’obturateur est ouvert et le temps de pose défile. Comme dans un film vous pouvez choisir de couper certaines scènes, d’inclure ou non une partie de l’action sur votre photo.

Par exemple, votre cadrage est en mode portrait et vous commencez à prendre votre photo au moment où des pièces d’artifices basses sont lancées. Malheureusement les pièces basses s’éternisent… vous savez pertinemment que votre photo sera désespérément vide sur toute sa partie haute si vous arrêtez maintenant l’exposition… et si vous continuez à exposer, la répétition des traînées lumineuses en bas du cadre va finir par surcharger et surexposer cette partie de la photo. La solution : masquer votre objectif avec votre tissu noir puis enlevez-le à l’instant où des fusées hautes sont lancées. Enfin relâchez le bouton de la télécommande pour arrêter l’exposition. Résultat, une exposition correcte et une composition équilibrée.

Pour ma part, je préfère utiliser un tissu noir assez épais plutôt qu’un carton. Avec un carton rigide vous risquez plus de heurter et de faire bouger l’appareil photo. D’autre part une surface plane couvrira mal certains pare-soleils dont le profil n’est pas régulier (c’est le cas de la plupart des pare-soleils d’objectifs grand angle).
Attention, si vous utilisez la technique du tissu noir, vous pourrez avoir de longs temps de pose. Dans ce cas, je vous conseille vivement d’enlever l’option de suppression du bruit numérique de pose longue. Si l’option est activée, l’appareil sera indisponible juste après votre photo, pendant un temps équivalent à celui de votre prise de vue… autant de temps où vous ne pourrez donc pas prendre de photos du feu d’artifice…

La gestion de la luminosité

Feu d'artifice à Saint-Jean-de-Luz - bouquet finalAllez, encore une petite difficulté : la luminosité du feu d’artifice va varier en fonction :

  1. du rythme et en particulier du nombre de fusées qui explosent quasi-simultanément dans le ciel. Le bouquet final sera toujours plus lumineux que le reste du feu et il sera alors utile de fermer le diaphragme d’au moins un à deux stops.
  2. de la superposition ou non sur une même photo de plusieurs traces lumineuses (dans ce cas il ne s’agit pas à proprement parler de la luminosité du feu mais de la luminosité qui sera transcrite sur votre photo). Vous pouvez alors utiliser l’astuce du cache décrite ci-dessus.
  3. des couleurs des pièces d’artifice. Par ordre de luminosité décroissante : le blanc sera le plus lumineux, suivi du vert et du rouge et enfin parmi les couleurs les moins lumineuses on aura le bleu, le violet et le doré (c’est un classement approximatif issu d’observations et non de mesures scientifiques !). Vous allez me dire, c’est bien beau tout ça mais à quoi ça nous sert puisque l’on ne peut pas deviner à l’avance quelles seront les couleurs des fusées qui seront tirées. Vous vous rappelez dans la partie sur l’ouverture, j’avais dit que la vitesse d’obturation avait moins d’influence que la sensibilité et l’ouverture sur l’exposition des lumières du feu d’artifice. Le terme « moins » a son importance ; Je n’avais pas dit qu’elle n’en avait pas du tout. A défaut de mieux vous pouvez donc toujours écourter le temps d’exposition pour limiter la surexposition probable dans le cas d’une forte luminosité et l’augmenter dans le cas inverse (là encore le mode Bulb s’avère très intéressant puisque c’est nous et non l’appareil qui choisissons le moment où arrêter l’exposition).

Après le feu d’artifice : le post-traitement

Un mot rapide sur le post-traitement :

  • Comme déjà dit, le format RAW vous donnera beaucoup plus de latitude que le format JPEG pour améliorer vos images. En particulier il permettra de récupérer plus facilement des parties légèrement sous ou surexposées.
  • Normalement vous ne devriez pas avoir trop de problème de bruit car la sensibilité choisie est basse et les temps de poses ne sont pas excessifs.
  • Vous pouvez recadrer légèrement vos photos en fonction de leurs compositions. Le sujet étant par nature difficilement prévisible (direction, hauteur variable), votre cadrage initial pourra sans doute être amélioré.
  • Si vous présentez le résultat, ne sélectionnez que vos meilleures photos et éviter de présenter deux photos quasi-identiques.
Sachez que pour pallier à la difficulté d’avoir à la fois une bonne exposition pour le feu d’artifice et le décor, certains photographes font un montage photo : ils combinent une photo avec la bonne exposition pour le décor et une autre avec le feu d’artifice (le cadrage étant identique bien sûr).
L’idée est bonne et le montage est tout à fait réalisable, mais attention au réalisme : si sur la photo votre bouquet de feu d’artifice est vert, l’environnement proche sera également en partie éclairé avec cette dominante verte, et non avec l’ambiance lumineuse neutre d’une photo prise sans le feu d’artifice.

Ouf voilà, si vous lisez ces dernières lignes, bravo c’est fini ! L’article est un peu long, mais je souhaitais faire un tour assez complet sur la question, car le sujet de la photographie d’un feu d’artifice est finalement un peu plus complexe qu’il n’y parait de prime abord. C’est maintenant à vous de jouer !

EN RESUME ...

EN RESUME ...

1) Avant le feu d’artifice

  • Préparer le matériel photographique (indispensable : appareil avec pose longue, trépied)
  • S’informer de l’heure et du lieu exact du feu d’artifice
  • Faire avant un repérage sur place pour trouver un bon emplacement

2) Lors du feu d’artifice

  • Balance des blancs sur lumière du jour
  • Mise au point en manuelle
  • Mode d’exposition Bulb
  • Sensibilité à 100 ou 200 ISO
  • Ouverture à f/11 à modifier selon les conditions (influence fortement la bonne exposition du feu d’artifice)
  • Vitesse d’obturation de quelques secondes (influence sur le nombre de traces lumineuses et sur la lumière ambiante du décor)
  • Possibilité de masquer l’objectif avec un tissu noir pour choisir les phases d’actions du feu d’artifice

3) Post-traitement : le format raw est à privilégier

Et vous ? Vous êtes-vous déjà essayé à la photo de feu d’artifice ? Quelles ont été vos difficultés ? Quels réglages avez-vous utilisé ? Cet article vous a-t-il aidé ? Avez-vous d’autres conseils et astuces à partager ?

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À propos de : Hervé (LuzPhotos)

Hervé Drouet, photographe professionnel au pays basque, spécialiste formation photo et rédacteur du blog LuzPhotos.

28 commentaires

  1. Merci Hervé pour les bons conseils.
    Toujours très explicite.
    A bientôt Alain

  2. Pour ceux qui sont dans la région basque, quelques précisions sur le programme pour le 15 août à Biarritz : le feu d’Artifices « Nuit Féérique – Love Biarritz » débutera à 22h30 à la grande plage.
    A noter également le 23 août, aux Sables d’Or à Anglet la soirée de clôture de la saison touristique avec concerts gratuits et animations à partir de 21h et un feu d’artifice à 22h30.

  3. Bonsoir Hervé
    Ne pas oublier ceux de San Sébastien du 09 au 16 Aout inclus.

    Superbe tuto sur les feux d’artifices.

    • Merci Joel ; oui tu as bien fait de rajouter San Sébastien ! c’est pas loin de chez nous et c’est du feu d’artifice de compétition au sens propre (concours international) comme au sens figuré !

  4. Merci Hervé pour tes explications parfaitement claires et bravo pour ces exemples très réussis ; tes photos sont très belles !

  5. Bravo pour les commentaires détaillés. Jusqu’à maintenant ce que j’ai vu ne m’a pas donné envie, c’est chose faite……Trop tard!….. Merci Hervé!
    Karutcho

  6. Bonjour Hervé,
    Merci pour ce cours comme d’habitude bien préparé et accessible à tous .
    Ton site est extra !!!!
    Bernard

  7. Un plaisir de vous lire . Je découvre ce site . Merci pour vos tutos Hervé .

  8. simonneau dominique

    Bonjour , je viens juste de m’inscrire et déjà plein les yeux….Merci.Dominique

  9. On a toujours besoin de relire des conseils avisés de professionnels, apprendre et ré-apprendre sont nécessaires. Merci

  10. Encore un tuto très bien expliqué et bien détaillé bravo !!!!et encore merci pour ton travail…
    je vais mettre en pratique tous tes conseils…

  11. Balthazar 504

    BRAVO ET ENCORE BRAVO POUR TOUS TES CONSEILS

  12. Salut Hervé, merci pour ces précisions, je vais tester cela ce 14 Juillet. Je me permettrai de revenir vers toi pour te livrer mes impressions à l’issue. . . . Merci pour tout et bonne continuation.

  13. Bravo pour l’ensemble des conseils et remarques. J’aurais du les lire avant, ça m’aurait évité des images banales. Merci encore.
    Enfin une question : comment faire pour photographier des jeunes enfants (~ 1an) dans le cadre familial… René

    • Vaste question auquel il est difficile de répondre en quelques mots !
      S’il y avait un conseil capital à retenir je pense que ce serait de se mettre le plus possible à sa hauteur.
      Pensez aussi à avoir une vitesse suffisante pour éviter le flou de mouvement de l’enfant s’il est du genre agité (comme la plupart des enfants) 🙂
      Et puis, pour essayer d’avoir des portraits intéressants, faite en sorte d’interagir, de jouer avec lui afin de capter son regard, ses expressions, ses émotions…

  14. peccare jean francois

    salut hervé , tu vas bien depuis le stage de cet hiver , toujours au taquet je vois.tes conseils toujours tres bien expliqués , j ai testé le feux d artifice la 14 juillet a mimizan pour la premiere fois , quelques photos réussie d autres nul , j ai vue l article trop tard tant pis ; je les ais mis sur facebook .

  15. Pour répondre à votre question…Oui j’ai essayé de faire des photos de feux d’artifice…Et je me suis heurté à un probleme…..La mise aux point.Je n’avais pas de point de repère et j’ai fait des bêtises.Maintenant….Je sais.Merci .Article vraiment très complet.

    • Merci d’avoir pris le temps d’écrire ce retour d’expérience sur la photographie de feu d’artifice. C’est toujours intéressant pour les photographes qui débutent dans une discipline de connaitre les difficultés rencontrées par celles et ceux qui se sont déjà confrontés à la pratique sur le terrain.

      Et à titre plus personnel, cela fait plaisir de savoir que son travail est apprécié 🙂
      ça m’encourage à continuer à écrire des articles !

  16. à l’approche du prochain feu d’artifice du 14 juillet… mise à jour de l’article suite à une nouvelle relecture : petites corrections et améliorations de mises en forme et de présentation, avec légère réorganisation de certaines parties, et aussi quelques ajouts et modifications du texte initial…

  17. Petite question… Je remarque beaucoup de photos verticales. par ce biais l’on peut avoir… plus de hauteur, certes et ne pas être pris au dépourvu. pour l’éclatement en hauteur mais… Comment faire car on perd de la largeur.
    Personnellement je maitrise très mal la photo verticale. Je ne sais même pas si mes trépieds permet ce genre de chose. Peut on se lancer dans ce genre d’exercice…… Merci de votre avis.

    • Oui le cadrage vertical (en mode portrait), c’est avant tout une question de composition. Si les tirs du feu d’artifice sont plutôt concentrés au même endroit, un cadrage horizontal risque de présenter un grand espace vide d’un côté et donc de faire une composition peu équilibrée.
      En revanche, si les effets visuels du feu d’artifice sont plus répartis dans la longueur, un cadrage en mode paysage pourra parfaitement convenir (si vous avez suffisamment de recul et/ou un grand-angle permettant d’avoir un cadrage assez large pour avoir au moins une partie des tirs en hauteur). Avec ce type de cadrage, vous pourriez aussi vous concentrer sur les pièces basses du feu d’artifice (feu de Bengale, jet de fontaine, torche…).

      Si vous avez bien acheté un trépied photo et non un trépied vidéo, vous devriez pouvoir faire sans problème un cadrage vertical. Le mode d’emploi de votre trépied précisera comment le régler dans cette position si cela est possible.

  18. François Lagane

    Bonjour. Un petit compliment au passage pour la clarté de ce site….. Maintenant, une question..feux d’artifice. Le temps de pose pour ce genre de manifestation est toujours plus long que pour autre chose. J’en ai photographié un il y a peu,et je le confesse dans de mauvaise conditions, certes, mais j’ai observé qu’en paramétrant sur 1 seconde ou deux secondes il y avait un « filé » qui apparaissait et me semblait « détruire » un peu le coté « vitesse » des effets lumineux. Je ne sais si je me suis bien fait comprendre. Pas facile à expliquer.

    • Merci pour votre retour positif sur le blog 🙂

      Concernant la question sur la photo de feux d’artifice. Selon moi, c’est avant tout un choix artistique.

      Avec un temps de pose assez long, l’effet de filé, de traînée lumineuse, due au déplacement d’une fusée pendant la prise de vue, souligne justement le mouvement ; Cela permet par exemple de voir sur une même photo la trajectoire montante d’une fusée jusqu’à son explosion et/ou de cumuler plusieurs explosions ou effets lumineux légèrement décalés dans le temps.

      Avec une vitesse d’obturation rapide, vous risquez d’avoir très peu d’éléments du feu d’artifice sur la photo ; le cadre pourra paraitre un peu vide (sauf peut être lors du bouquet final où le rythme des tirs est très soutenu).

      A vous de trouver le bon compromis, l’effet visuel qui esthétiquement vous convient le mieux.

  19. Nouvelle petite mise à jour de la partie prise de vue (ajout d’un avertissement, nouveau découpage…)

  20. Merci pour les bons plans et les conseils proposés dans cet article pour avoir des photos réussies et inoubliables de feux d’artifices.

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