Bien souvent les photographes quelque peu expérimentés ne jurent que par les appareils photo équipés d’un viseur (il permet de gagner en stabilité en calant l’appareil contre le visage et de cadrer sans être ébloui par le soleil). Mais ils savent aussi qu’il y a viseur et viseur ! Il existe de bons viseurs, agréables à utiliser, dont le confort de visée est optimal et puis il y a des viseurs étriqués, peu lumineux qui donnent l’impression de regarder au travers d’un « trou de serrure ». Autrement dit, le confort de visée peut grandement varier d’un viseur à l’autre, d’un modèle d’appareil à l’autre !
Dans cet article je m’attache dans un premier temps à lister et à expliquer les caractéristiques techniques ayant une influence sur la qualité du viseur. Quels sont les critères à prendre en compte dans ce domaine avant d’acheter un appareil ?
La seconde partie de l’article est constituée d’un grand tableau qui liste les principales caractéristiques des viseurs par modèle d’appareils photo numérique (APN). Seuls les modèles récents, en vente à la date d’écriture de cet article, sont listés dans le tableau. En regroupant toutes ces informations, le tableau facilite les comparaisons entre marques et modèles d’APN et pourra vous aider à faire une première sélection avant un éventuel achat.
Mise en garde et conseil : Même si je vais vous donner des clés de décryptage, nous verrons qu’évaluer le confort de visée à partir des seules caractéristiques données par les constructeurs n’est pas si simple (interactions entre les différentes caractéristiques parfois difficiles à appréhender, informations manquantes…)… C’est pourquoi, et j’insiste sur ce point, même après une bonne évaluation de la fiche technique d’un viseur, rien ne remplacera une prise en main directe de l’appareil photo pour constater de visu le confort de visée, pour savoir si le viseur est vraiment agréable ou non !
Les caractéristiques d’un viseur
Pour évaluer le confort de visée d’un appareil photo numérique, nous devons prendre en compte un certain nombre de points.
Le type de viseur
Aujourd’hui, il existe essentiellement deux grands types de viseurs : la visée optique utilisée depuis de nombreuses années dans les appareils photo reflex et la visée électronique, plus récente, qui équipe les appareils dit « hybrides » (pour en savoir plus sur ces deux types de visée, je vous invite à lire ou relire la partie principe de fonctionnement de l’article Viseur électronique Vs viseur optique). Comme déjà précisé en introduction, il ne s’agit pas ici de se prononcer pour ou contre tel type de viseur, mais plutôt de juger de leur qualité à partir de données techniques concrètes.
S’il existe des points communs (que nous verrons dans les parties suivantes) entre ces deux types de viseurs, chacune de ces technologies présente des particularités qu’il est intéressant de connaître.
Viseur optique
Avec une visée optique, les rayons lumineux passent au travers de l’objectif, sont réfléchis par un miroir puis redressés par un pentaprisme ou un pentamiroir jusqu’au viseur :
Pentaprisme : dispositif constitué d’un seul bloc de verre optique, assez lourd et cher, mais apportant une bonne qualité d’image (contraste et piqué…) et donc un bon confort d’utilisation.
Pentamiroir : dispositif optique créé à partir d’un assemblage de miroirs. Il est beaucoup plus léger et économique, mais un peu moins qualitatif qu’un pentaprisme. Il équipe la plupart des appareils photo numérique d’entrée de gamme. J’avais lu et croyais que le pentamiroir était également moins lumineux que le pentaprisme, mais mes recherches récentes à ce sujet, me laissent à penser que cet aspect est largement surévalué, voire que le problème est inexistant : si perte de lumière il y a, c’est de toute façon sans commune mesure avec la perte engendrée par le verre de visée (ou dépoli) et par le miroir semi-transparent qui laisse passer une partie de la lumière pour assurer la mise au point automatique.
N’oubliez pas non plus que la luminosité perçue dans un viseur optique sera influencée par :
- la luminosité de l’objectif fixé sur l’appareil photo (une optique avec une ouverture maximale réduite diminuera la clarté de visée de n’importe quel reflex),
- et bien sûr par la luminosité de la scène à photographier (puisque avec une visée optique c’est la scène « réelle » qui est directement transmise par un jeu de miroir jusqu’à l’œil du photographe).
Viseur électronique
Dans le cas d’un viseur électronique, la scène à photographiée est affichée par l’intermédiaire d’un mini-écran placé derrière l’œilleton. Avec cette technologie de viseur, il n’y a pas de souci de luminosité : le manque de lumière due à une scène peu éclairée et/ou à un objectif peu lumineux pourra aisément être compensé électroniquement (au moins dans certaines limites) par ajustement automatique de la luminosité de l’écran. Cet automatisme fait que ce que l’on voit dans le viseur ressemble constamment à la photo finale que l’on pourrait obtenir après déclenchement. Bien souvent, le problème de ce type de viseur se situe plutôt dans le manque de naturel et les contrastes excessifs de l’image affichée. Mais ce type de constat ne se fait qu’en mettant l’œil dans le viseur…
Pour juger de la qualité d’un viseur électronique, nous pouvons prendre en compte d’autres critères qui eux peuvent se trouver dans la fiche technique de l’appareil photo.
Le type d’écran du viseur
Actuellement deux technologies sont utilisées pour les écrans des viseurs : LCD et OLED.
Viseur à écran LCD
L’écran LCD (« Liquid Crystal Display » en anglais, que l’on traduit en français par « Affichage à cristaux liquides ») : les premiers viseurs électroniques utilisaient des écrans LCD. Aujourd’hui (fin 2018) ce type d’écran tend peu à peu à être supplanté par des écrans OLED. Sur les 47 modèles d’appareils récents à viseur électronique listés dans le tableau de la seconde partie, seuls six sont de type LCD, soit un peu moins de 13% du panel. Il faut dire aussi que la firme Sony, elle-même fabricant de micro-afficheur OLED, est très présente sur le créneau des hybrides (le tableau compte une vingtaine de modèles de la marque).
Malgré tout on trouve encore des écrans LCD chez certains constructeurs comme Olympus (l’OM-D E-M5 Mark II), Panasonic (Lumix GX80, DC-GX9), et même dans le très haut de gamme, à l’image du Leica SL (plus de 6000 € le boîtier) qui intègre un micro-afficheur LCD d’Epson de 4,4 millions de points (avec une définition RGB de 1 400 x 1 050 pixels et une diagonale de 0,66 pouces).
Dans les années 2000, les APN bridges proposaient des viseurs LCD étriqués, mal définis, peu fidèles et peu réactifs. Ce n’est heureusement plus le cas aujourd’hui même si les dalles LCD présentent encore parfois des couleurs un peu vives, pas toujours très fidèles. La luminosité et les contrastes sont également plus prononcés qu’avec la technologie OLED. Mais surtout, la majorité des écrans LCD utilisent une technologie d’affichage des couleurs qui peut provoquer un effet arc-en-ciel (apparition de franges de couleurs rouges, vertes et bleues dans les images en mouvement). Et même si en théorie les dalles Ultimicron d’Epson (principal fournisseur de dalles LCD) sont exemptes de cet effet arc-en-ciel, des testeurs du site de référence www.lesnumeriques.com affirment le contraire et vont jusqu’à déconseiller la technologie LCD aux porteurs de lunettes et tout particulièrement aux personnes sensibles à l’effet arc-en-ciel. Ce serait avant tout une question de physiologie : nous ne serions donc pas tous égaux face à ce problème d’affichage. Pour les plus sensibles, en plus de l’inconfort visuel, le risque est de déclarer des maux de tête au bout d’un certain temps d’utilisation.
Viseur à écran OLED
L’écran OLED (acronyme anglais signifiant « Organic Light-Emitting Diode » ou, en français, diode électroluminescente organique) : Il a un certain nombre d’avantages. Il n’est pas sujet à l’effet arc-en-ciel décrit ci-dessus. D’autre part, il présente généralement un meilleur rendu colorimétrique : des couleurs plus fidèles, moins contrastées, plus douces (sans doute en partie parce que les OLED émettent directement la lumière alors que le LCD passe par un rétro-éclairage).
Et s’il y a quelques années les écrans OLED étaient moins définis que les LCD, à quelques rares exceptions près, ce n’est plus le cas maintenant. A ce sujet, il faut en plus préciser que, par rapport au LCD, à définition égale, l’image OLED apparaitra plus fine et douce. Et puis l’annonce récente de Sony montre bien que la définition n’est plus un problème : son nouveau micro-afficheur ECX339A de type OLED de 0,5’’ atteint la définition de 1 600 x 1 200 pixels, soit 1,92 millions de pixels ou 5,76 millions de points pour reprendre la notation usuelle. Sa production de masse est prévue pour fin 2018…
La définition des viseurs en millions de points
Étrangement, la définition des écrans des viseurs est donnée en nombre de points (et non en nombre de pixels) . Les constructeurs ont en fait gardé la méthode de décompte anciennement utilisée pour les écrans cathodiques couleurs qui utilisaient un tube par couleur rouge, vert et bleu. Cela permet au fabricant d’afficher un chiffre plus élevé et donc plus vendeur en multipliant en réalité par 3 le nombre de pixels réels (le marketing a dû passer par là).
Par exemple, un écran de 2,36 millions de points a une dimension de « seulement » 1024 x 768 pixels soit 786 432 pixels (on retrouve nos 2,36 Millions de points annoncés si on multiplie ce chiffre par 3).
Celui du Leica SL annoncé à 4,41 millions de points présente une définition de 1400 x 1050 pixels soit 1,47 millions de pixels (4,41 / 3).
A taille égale, plus l’écran sera défini (en millions de points ou de pixels), plus la résolution sera élevée et donc plus l’image affichée sera fine et détaillée. A l’inverse, un écran présentant une basse résolution laissera apparaître à l’œil nu les pixels composant l’image… c’était le cas des premiers viseurs, mais aujourd’hui les hautes résolutions des micro-écrans associées à la puissance de calcul des processeurs intégrés dans les appareils photo permettent sans problème d’avoir des viseurs suffisamment définis pour que l’œil ne puisse pas distinguer les pixels de l’écran.
Taille du viseur (en pouces)
Il s’agit de la diagonale de l’écran du viseur exprimée en pouces (pour rappel, 1 pouce = 2,54 cm). Parmi les tailles les plus usuelles, on trouve des écrans de 0,39’’ (1 cm) et de 0,5″ (1,27 cm) pour appareils photo plutôt haut de gamme dont les derniers Nikon Z6, Z7, le Canon EOS R, et les Sony Alpha 7 et 9.
Cette information est très intéressante puisqu’elle donne la taille physique de l’écran. Malheureusement, elle n’est pas toujours communiquée par les constructeurs (à l’image de Panasonic et Olympus).
A noter d’ailleurs que c’est une donnée qui n’existe même pas pour les viseurs optiques : dans ce cas, il faudra se contenter de la notion de grossissement (voir plus loin).
Cette faculté d’englober ou non la totalité de la scène, dépendra de l’angle de champ de vision et donc aussi du recul de l’œil par rapport à l’oculaire. Autrement dit, il sera préférable d’avoir un dégagement oculaire (voir plus loin dans l’article) assez conséquent si votre appareil est équipé d’un grand viseur. Encore une fois, le mieux est de pouvoir tester pour se rendre compte si la combinaison entre taille de viseur et dégagement oculaire vous convient.
Le taux de rafraichissement
Parmi les caractéristiques importantes pour essayer d’évaluer le confort de visée d’un viseur électronique, il est intéressant de tenir compte du taux de rafraichissement. Si ce taux est trop faible, lors d’un mouvement de balayage d’une scène ou bien en observant des sujets bougeant rapidement, l’image risque de présenter des flous et/ou des saccades désagréables. De gros progrès ont été faits ces dernières années (grâce notamment à l’augmentation constante des capacités de calcul des processeurs embarqués), mais il y a encore de la marge de progression pour nombre de viseurs électroniques.
Il est bien dommage que les constructeurs communiquent assez peu sur le sujet (sauf parfois lorsque ces données techniques sont perçues par le marketing, certainement à juste titre, comme un argument de vente).
La nouvelle dalle Oled ECX339A pour viseur électronique, présenté par Sony en mai 2018, garantit quant à elle une vitesse de rafraichissement par défaut de 120 i/s. Cette cadence pourra même être doublée en utilisant la technique Sony d’affichage Dual-line progressive… affaire à suivre !
La couverture de visée
Cette caractéristique d’un viseur indique si l’image visible dans le viseur correspond parfaitement à l’image finale après prise de vue. Autrement dit, cela permet de savoir si le viseur vous donne bien le cadrage total (100 %) ou bien s’il manque une partie des bords de votre photo finale (moins de 100%). Le rapport entre le champ cadré et le champ réellement photographié est donné en pourcentage.
La couverture est toujours intégrale (100%) avec les viseurs électroniques et les viseurs optiques d’appareils photo haut de gamme.
En revanche, pour des questions d’économies et de compacité (taille réduite du miroir et du pentamiroir), les appareils photo reflex d’entrée de gamme ont assez souvent une couverture partielle qui tourne autour de 95%. Résultat, en prenant une photo avec ce type d’appareil, vous pouvez donc découvrir sur la photo finale des éléments en bord de cadre que vous n’aviez pas vu dans le viseur au moment de la prise de vue.
Une couverture réduite ne changera rien au grossissement du viseur (celui donné par le fabricant ou bien celui éventuellement calculé en équivalent 24 x 36 mm ; voire la partie suivante). Par contre, à grossissement égal, la taille du cadre de visée sera légèrement inférieure pour une couverture partielle par rapport à une couverture totale (par exemple, les dimensions seront de 5% plus petites pour une couverture de 95%).
Le grossissement du viseur
Définition du grossissement
Par convention, le facteur de grossissement du viseur de l’appareil photo est égal au rapport entre les dimensions du sujet vu dans le viseur avec un objectif de 50mm de focale, mise au point réglée sur l’infini et un réglage dioptrique sur -1 dioptrie et les dimensions de ce même sujet vu à l’œil nu. Cette méthode de mesure est valable quelle que soit la taille du capteur de l’appareil photo. Un grossissement de 1x indique que l’image d’un objet visible dans le viseur a une taille identique à celle de l’objet vu directement à l’œil nu. Si vous passez de la visée de l’appareil à l’observation directe de la scène, l’objet ne paraitra pas plus gros ou plus petit dans le viseur que dans la réalité. Il apparaitra de même taille. De même, si vous regardez simultanément cet objet les deux yeux ouverts, un œil hors viseur et un autre dans le viseur, alors vous pourriez parfaitement superposer les deux images observées (une vue par l’œil gauche et l’autre par l’œil droit).
Si l’on consulte le tableau de la seconde partie, on constate que le Canon 7D mark II et le Nikon D500 (deux appareils à capteur APS-C) présentent tous les deux un grossissement de 1x : cela signifie que si vous mettez un objectif de 50 mm de focale, vous verrez l’objet et l’image de cet objet dans le viseur avec une taille identique puisque le grossissement est de 1 (comme expliqué plus haut).
Si on prend un appareil comme le Canon 5D mark III qui a un grossissement de 0,71x, cela signifie qu’avec un 50 mm, l’image sera plus petite dans le viseur que dans la réalité. Pour compenser ce grossissement plus faible et obtenir un grossissement de 1x (objet = image), il faudra une focale de 50 mm x 1/0,71, soit une focale d’environ 70 mm.
Est-ce que cela voudrait dire que le viseur du 7D mark II (grossissement de 1x) est plus grand que celui du 5D mark IV (grossissement de 0,71x)… et bien non, le grossissement du viseur donné par les constructeurs ne permet de faire des comparaisons qu’entre boîtiers de même taille de capteur. Pour pouvoir comparer tous les appareils quelle que soit la taille du capteur, il est utile de calculer le grossissement en équivalent 24 x 36 mm (j’ai d’ailleurs créé une colonne spécifique dans ce but, dans le tableau des caractéristiques des viseurs de la seconde partie).
Le grossissement équivalent 24×36 mm
Le calcul est le suivant : le grossissement ramené à la taille d’un capteur 24 x 36 mm est égal au grossissement (selon la définition décrite au début) divisé par le coefficient de conversion lié au capteur de l’appareil (1,6 pour les capteurs APS-C Canon et 1,5 pour les autres APS-C, 2 pour les Micro 4/3, 1 pour les appareils à capteur plein format 24 x 36 mm…).
Parfois, pour des appareils n’ayant pas un capteur plein format, les fabricants donnent un seul (le plus souvent celui de la norme) ou les deux grossissements : s’il s’agit de celui en équivalent 24 x 36 mm, la fiche technique précisera normalement de quel grossissement il s’agit avec une note du type : « équivalent 35mm », « équivalent sur un appareil photo 35 mm »…
Si le confort de visée est important pour vous, il sera préférable de regarder plutôt vers les appareils photo proposant un grossissement 24×36 au-dessus de 0,6. Par exemple, le Canon 7D mark II (et anciennement le Canon 7D première génération), dont le viseur est généralement considéré comme un viseur agréable et confortable, présente un grossissement de 0,63 (associé à un dégagement oculaire assez conséquent de 22 mm).
La notion de taille
Ce grossissement équivalent 24 x 36 mm (ou 35 mm) donne une bonne idée des tailles relatives des viseurs des appareils photo. Ainsi pour reprendre l’exemple précédent, le grossissement 24 x 36 mm du 7D mark II est de 0,63 (1/1,6) et celui du 5D mark IV de 0,71 (pas de changement car le 5D possède un capteur plein format). Cela signifie que les dimensions du viseur du 5D seront un peu plus grandes que celles du 7D (attention, je ne parle pas de l’œilleton, mais bien du cadre intérieur de visée).
Toujours dans le but de comparer les tailles des viseurs, concernant les appareils photo dont la couverture n’est pas à 100%, pour être plus précis, il faudrait encore réduire le grossissement équivalent en multipliant par le pourcentage de couverture. Je ne l’ai pas fait dans le tableau de la seconde partie, car cela joue à la marge et en plus dans ce cas, le terme de grossissement ne serait plus approprié (car la couverture n’est pas censée le changer ; il s’agit juste d’une portion de l’image qui ne sera pas visible et non d’un changement de proportion dans le viseur).
De manière générale, pas de secret, plus votre appareil photo sera cher et plus son viseur sera imposant et confortable à l’usage. Cette règle quasiment toujours vérifiée avec les appareils reflex (viseurs optiques) est toutefois plus fréquemment mise à mal avec la génération des hybrides. Pour prendre un exemple récent, on peut se réjouir que Nikon ait équipé son hybride plein format Z6 du même viseur électronique que celui de son grand frère le Z7 pourtant vendu 1400 € de plus.
J’aurai personnellement tendance à être plus dans la nuance : à mon avis, chacun verra, en fonction de sa pratique et de ses préférences, s’il privilégie plutôt un grand viseur apportant une image plus détaillée et une mise au point manuelle plus aisée, à un viseur un peu plus petit (pas trop non plus !), mais permettant d’embrasser facilement du regard l’ensemble de la scène à photographier.
Le dégagement oculaire
Les viseurs se caractérisent aussi par leur dégagement oculaire, qui correspond à la distance entre la pupille de l’œil et le centre de l’oculaire de visée avec un réglage dioptrique de -1 dioptrie. Cette distance tourne généralement autour d’une vingtaine de millimètres.
Si cette distance est trop faible, la visée avec des lunettes risque d’être très délicate car le photographe ne verra pas la totalité de la scène à prendre en photo…
Mais même avec un dégagement oculaire assez important, il faut savoir que le confort de visée avec des lunettes est moindre car les lunettes empêchent d’avoir l’œil collé à l’œilleton. Vous pouvez parfois être gêné par de la lumière parasite qui se glisse dans l’espace laissé entre l’œil et l’œilleton et surtout il s’avère difficile de trouver du premier coup la position idéale pour avoir le champ de vision maximal, pour voir l’image dans sa totalité.
Le réglage dioptrique
Nous avons vu que le grossissement et le dégagement oculaire sont normalement donnés avec un réglage de -1 dioptrie. Cette puissance par défaut de l’oculaire permet à un œil « normal » de voir sans effort d’accommodation à la fois la scène à photographier et l’image de cette scène dans le viseur avec les informations associées (données de prise de vue).
Dans la très grande majorité des cas, le viseur d’un appareil photo dispose d’une molette sur le côté du viseur (ou d’un système de glissière comme sur certains appareils photo Pentax) autorisant le réglage dioptrique. Cette commande manuelle, en faisant coulisser la lentille de l’oculaire, fait varier la vergence du système optique (par exemple de -4 à + 3 dioptries) et adapte ainsi la visée à votre vue. Vous opterez pour une valeur dioptrique négative si vous êtes myopes ou pour une valeur positive si vous êtes hypermétropes. Autrement dit, vous pourrez voir parfaitement nette l’image affichée dans le viseur sans avoir à porter vos lunettes. Par contre, si vous n’avez plus l’œil dans le viseur, en fonction de l’ampleur de votre défaut visuel, il faudra peut-être remettre vos lunettes (ce qui n’est pas toujours très pratique) pour voir au loin ou lire l’écran arrière de votre appareil photo…
D’autre part, si vous êtes porteur de lunettes, mais que la correction maximale autorisée par l’appareil ne suffit pas à obtenir la netteté dans le viseur sans les lunettes, vous aurez les choix suivants :
- Gardez vos lunettes et visez avec (en toute logique comme votre vue est déjà corrigée, vous pourrez laisser la molette de correction dioptrique à sa valeur par défaut) : le confort de visée sera moindre (en particulier si le dégagement oculaire et faible comme nous l’avons vu dans la partie précédente), mais en revanche, vous pourrez voir net à la fois dans et hors du viseur (que ce soit l’écran arrière ou ce qui vous entoure).
- Optez pour le port de lentilles correctrices (dans ce cas, plus de lunettes qui vous empêchent de coller votre œil dans le viseur)…
- Enfin, il semble possible (personnellement, je n’ai pas d’expérience, même indirecte à ce sujet) de monter un verre correcteur adapté à votre vue sur le cadre de l’oculaire : cela suppose alors de voir avec un opticien compétent en la matière (en passant éventuellement avant chez son ophtalmologue, selon la complexité de vos problèmes de vision)…
Autres caractéristiques d’un viseur
D’autres caractéristiques importantes ne se retrouvent pas sur les fiches techniques des constructeurs.
Le système optique de l’oculaire
L’image projetée sur le verre de visée (viseur optique d’un reflex) ou affichée sur un écran (viseur électronique) est amenée jusqu’à l’œil du photographe par un mini système optique. Les performances optiques des lentilles utilisées auront un impact sur la qualité de l’image du viseur (netteté, distorsions…).
Si la plupart des fabricants communiquent très peu à ce sujet, certains apportent tout de même quelques précisions sur les soins apportés à cette pièce essentielle de votre appareil photo.
Par exemple, sur le Sony RX100 VI, concernant le viseur extractible, il est précisé : « Les optiques du viseur électronique sont traitées avec le revêtement Zeiss® T*, afin de réduire les reflets indésirables et de garantir une visibilité sur toute l’image ».
Ou encore, concernant le Nikon Z7, il est dit que le viseur électronique « s’inspire des technologies optiques et de traitements d’images supérieurs de Nikon pour garantir une vue claire et confortable permettant de réduire les aberrations et la fatigue oculaire, même pendant les longues sessions de prise de vue ». Et de rajouter : « En outre, un traitement au fluor est appliqué sur la fenêtre de protection de l’oculaire, ce qui réduit les reflets tout en repoussant les impuretés ».
L’œilleton : taille, forme, matériau
L’œilleton, la partie directement en contact avec l’œil ou le verre des lunettes pour ceux qui prennent des photos avec, pourra être plus ou moins confortable et accueillant. S’il est étriqué et mal dessiné, l’expérience sera beaucoup moins immersive qu’avec un œilleton large et bien profilé (cet inconvénient sera encore aggravé si vous portez des lunettes). Dans ce domaine, les hybrides à petits capteurs, qui cherchent d’ordinaire à jouer la carte de la compacité, sont souvent moins bien lotis que les viseurs des reflex, même entrée de gamme.
De même un œilleton uniquement constitué de plastique dur, sera moins agréable que s’il était recouvert de caoutchouc mou, sans compter le risque de rayures accru si vous utilisez vos lunettes.
Tableau des caractéristiques des viseurs par modèle d’APN
Pour des questions de mise en page et de confort de lecture (le tableau comporte de nombreuses colonnes et lignes), je vous invite à cliquer sur l’image ci-dessous pour visualiser le tableau (l’ouverture se fera dans un nouvel onglet de votre navigateur) :
Et vous ?Connaissiez-vous ces différentes caractéristiques des viseurs ? Y faisiez-vous attention avant d’acheter un appareil ? Que pensez-vous des viseurs des appareils photo que vous avez eu l’occasion de prendre en main ? Portez-vous des lunettes pour photographier ? Est-ce que cela vous gêne ? Avez-vous déjà essayé la correction dioptrique ?
super article, encore un beau travail
Un article qui mérite amplement de le relire en intégrité tant il regorge d’éléments très instructifs. Bravo pour ce travail !
Super travail très fouillé, comme d’habitude d’ailleurs, bravo Hervé.
Je devrai relire cet article tant il y a profusion de points à vérifier.
j’ai appris des tas de choses et j’en déduis que je vais essayer de prendre mes photos sans lunettes et aussi que je vais me commander une paire de lunette non-photogray car les verres photogray sont une vraie galère quand on photographie en pleine lumière. Merci
Merci à vous 4 pour vos retours 🙂
Bravo, beaucoup de points, voire tous, mais je ne suis pas un expert, sont abordés et traités. Un peu indigeste à la première lecture, tellement l’article est riche, il nécessite des relectures, mais il faut savoir ce que l’on veut.
Merci pour votre retour… oui, je reconnais, lorsque l’on cherche à être le plus complet possible sur un sujet, le risque c’est d’être indigeste…
Sur certains de mes articles, je devrais peut-être mettre un avertissement comme dans certaines publicités alimentaires 🙂
style : Article riche à consommer avec modération, pour éviter toute surcharge cérébrale, lisez varié 🙂
Bonjour.
Si je puis me permettre une précision complémentaire au sujet de mettre une lentille compensant votre défaut visuel. Il faut savoir deux choses.
– Vu la petitesse de la lentille, les rares fabricants ne fourniront que des lentilles « moulées ». c’est à dire que les courbures n’auront pas une très grandes précisions.
– D’autres part le segment du marché de ce genre de produit étant tellement restreint que vraisemblablement les puissances misent à disposition n’avanceront pas par 0,25 dioptrie (1/4) mais surement par 0,50 dioptrie au mieux.
Quand à l’astigmatisme il vaut mieux dès le début en faire son deuil. Je mets tout cela au conditionnel car sauf avancée récente sur le sujet, je n’ai jamais eu connaissance d’avoir vu un fabriquant faire ce genre de produit. J’ai personnellement équipé d’autres produits avec ce genre de choses, mais très rarement dans ma carrière.
Ceci étant comme vous y faites allusion, le meilleur remède c’est la lentille de contact. A choisir « jetable » journellement et pour ce cas cas là se munir de dosette de de sérum physiologique ou de produits mouillant pour lentilles. Pourquoi….. Tout simplement parce que l’œil en visant est statique et que le dit œil ou plutôt la dite cornée risquant de ne pas être assez lubrifiée, il vaut mieux avoir du sérum ou du produit mouillant.
Sachez quand même qu’une correction égale ou inférieure à 0,5 dioptrie (+ ou -) ne nécessite pas de correction. Au pire une certaine fatigue sera engendrée au bout d’un certain temps de visée. L’accommodation naturelle fera le reste.:-)
Merci pour toutes vos précisions très intéressantes !
Bonjour.
je souhaite apporter ma contribution au sujet en rassurant ceux pour qui la visée est tout simplement un obstacle à la pratique de la photographie de loisir.
Longtemps utilisateur de 24×36 argentique, j’ai été contraint à abandonner toute pratique, par suite d’une maculopathie bilatérale qui me laisse une vision centrale de 1/10 à un oeil et moins encore à l’autre. La vision périphérique est presque intacte.
Je lis ce blog et compose ce post avec un logiciel de synthèse vocale.
Et je me suis remis à la photo grâce justement à l’écran au dos du boitier qui me laissait présager qu’enfin c’était possible, avec quelques ajustements techniques.
J’ai acquis une loupe de viseur LCD 3″1/2 avec un grossissement de 3x qui se fixe à l’aide d’une platine au dos du boitier en utilisant la vis de trépied. Son oeilleton amovible en caoutchouc assure ce confort de visée que je recherchais.
J’ai ensuite essayé en magasin de nombreux boitiers en recherchant une fonction LiveView performante sur un écran LCD de 3″ 1/2, un affichage des réglages de belle taille et bien contrasté. La fourniture du mode d’emploi du Pentax au format PDF a été décisive pour mon choix final. Un zoom polyvalent Smc Da 18-135 mm couvre ma zone de vision habituelle.
Ma pratique est un peu différente et quelques habitudes ont été changées. Le viseur est maintenant obturé pour éliminer toute lumière arrière.
J’y ai retrouvé le plaisir de composer, m’interdisant le mode automatique !
Je soigne mes cadrages, ai un peu de mal avec les réglages de mise au point manuels parfois nécessaires et c’est sur grand écran de TV que j’apprécie mes images ou découvre au milieu un individu ou un poteau incongru.
Je consulte souvent ce mode d’emploi sur grand écran de Pc, et je n’imprime pratiquement pas mes photos.
L’intuition que j’avais d’un retour possible au plaisir de la photo grâce à cet écran dorsal de boitier et la fonction LiveView était la bonne.
Monsieur, Bonjour. Je viens de faire un petit tour chez vous et j’aurai voulu laisser un petit mot, mais j’admets que je n’ai pas trouvé l’endroit. j’espère que le propriétaire (Mr Hervé Drouet) de ce site me pardonnera. Ce que que vous faite est sensationnel. Le procédé de loupe de votre appareil est sublime de simplicité. Bravo. Il faut quand même rappeler aux lecteurs que 1/10 correspond aux lettres bien « connue » Z et U . Lettres qui correspondent à 1/10. Ces lettres sont à lire chez votre opticien ou votre ophtalmo à la distance de 5m. J’encourage les lecteurs à jeter un œil (pardon) sur votre site Instagram.
Merci bien Patrick pour votre retour d’expérience qui pourra intéresser d’autres photographes confrontés aux mêmes difficultés que vous
Bonjour, je suis bluffé par votre compétence et votre analyse.
Porteur de lunette j’ai expérimenté un inconfort avec le LUMIX DMC GM5. Etant passé au OLYMPUS OMD M10 MKIII, j’ai constaté une petite amélioration. Je suis alors passé au OLYMPUS OMD E M 1 MKII, qui est correct sans plus en matière de viseur. Le problème c’est que fatiguant vite avec L’ELV je bascule fréquemment sur le Monitor qui honnêtement n’est pas mal. on dit que le nouveau d’OLYMPUS le mini OMD M5 MKIII possède un meilleur viseur, c’est dommage qu’ils ne l’aient pas monté sur mon appareil actuel dont je suis satisfait à 100% en matière d’ergonomie. Moralité avoir des lunettes correctives c’est mieux que d’être aveugle. Mais néanmoins c’est un léger handicap (tout est relatif) pour la visée oculaire sur APN, à moins comme vous l’indiquez de porter des lentilles…
Bonjour, merci bien pour votre appréciation et votre retour d’expérience 🙂
Je découvre avec le plus vif intérêt votre site internet. Merci et bonne journée.
Bonjour,
Merci pour votre article passionnant. J’aimerais savoir si il est possible de modifier la qualité vidéo de mon viseur (FZ1000). Apres une réparation chez un spécialiste l’image de viseur est recouverte d’un voile blanc ou l’image est trop lumineuse et pas assez contrasté. La qualité des photo n’a pas changer mais le plaisir de la visé est très dégradé. Avez vous un idée?
Si le voile blanc n’est pas dû à un problème « physique », il faudrait essayer de voir du côté des réglages de l’image affichée dans le viseur. Dans le menu de configuration (symbole clé à molette) « Ecran/Viseur », vous pouvez agir sur la luminosité, le contraste et même la teinte (rouge et bleue). En espérant qu’un ajustement à ce niveau (ou un réajustement si les valeurs par défauts avaient été modifiées) permettra de retrouver un affichage plus plaisant…
Merci Hervé pour cet excellent travail et cet article qui réveille quelques préoccupations essentielles. Effectivement la qualité du viseur est ce qu’il y a de plus important en photographie. Collez votre oeil à un viseur de H6D ou à celui d’un phase one et vous verrez que l’on a des ailes qui poussent…
Un viseur de reflex haut de gamme est un vrai savoir faire et un petit bijou optique, sur ce tableau on a des chiffres pour appareils numériques avec en tête des reflex, Canon 1DX, Nikon D850, Canon 5DIV, Nikon D750… et pourtant j’ai sous la main un vieux F801, un F3HP, un F4 DA20… alors je ne connais pas leurs visées chiffrées mais ce que je peux dire c’est qu’on a pas progressé bien au contraire. La visée dans ces vieux reflex est juste incomparable et magnifique. Oui le pentaprisme coûte cher, il est lourd et volumineux, compliqué à fabriquer et je me doute bien que ce sont les raisons pour lesquelles on ne fait plus aussi bien. Moi j’ai vu la différence! et je continu à penser que ces messieurs du marketing ont tord, il y a un marché et pas uniquement pour ceux qui portent des lunettes. Mais pour tous ceux qui veulent voir la réalité, en grand, sans filtre, avec luminosité et précision et pas dans un trou de serrure, ni derrière un écran aussi bon soit-il…
Merci pour ce partage intéressant sur le sujet !