L’image du verre d’eau et du robinet permet d’expliquer simplement la notion d’exposition photographique et le lien direct entre ouverture et temps de pose. Cette métaphore peut aussi intégrer la sensibilité, le troisième paramètre jouant sur l’exposition.
Le verre d’eau : le capteur
En photographie, d’un point de vue technique, l’exposition représente la quantité de lumière nécessaire au support photosensible pour donner une image fidèle et détaillée de la scène photographiée.
Pas assez de lumière et la photo apparaît trop sombre : on parle de sous-exposition.
Trop de lumière et la photo sortira trop claire : on parle de surexposition.
Revenons à notre métaphore, l’eau va représenter la lumière et le verre sera notre capteur.
- Une exposition équilibrée sera représentée par un verre d’eau parfaitement rempli, ni trop, ni trop peu.
- Si l’on verse très peu d’eau (peu de lumière), le niveau du verre est bas (sous-exposition).
- A l’inverse, si trop d’eau est versée dans le verre (trop de lumière sur notre capteur), l’eau finie par déborder du verre (surexposition).
Les glaçons : la sensibilité
Introduisons maintenant la notion de sensibilité. Dans des conditions de luminosité stable, pour une même scène photographiée, plus la sensibilité sera élevée et moins il y aura besoin de lumière pour impressionner le capteur. La quantité de lumière nécessaire pour l’exposition est inversement proportionnelle à la sensibilité du capteur.
Pour reprendre l’image du verre, la sensibilité est souvent représentée par la taille du verre. Un petit verre aura besoin de peu d’eau (peu de lumière) pour être rempli (haute sensibilité). Un grand verre nécessitera une grande quantité d’eau (beaucoup de lumière) pour être rempli (basse sensibilité).
Si l’on comprend bien le lien entre quantité de lumière et sensibilité, l’inconvénient de cette métaphore c’est l’inversion de logique qui perturbe généralement les débutants : plus la sensibilité est élevée plus le verre sera petit…
C’est pourquoi je préfère représenter la sensibilité plus ou moins grande du capteur par la quantité plus ou moins élevée de glaçons que nous allons mettre dans un même verre. Une grande quantité de glaçons représente une grande sensibilité : plus il y aura de glaçons dans le verre (plus la sensibilité sera élevée) et moins la quantité d’eau nécessaire pour remplir le verre sera importante (moins il y a aura besoin de lumière).
Le robinet : ouverture et temps de pose
Dernier figurant de la métaphore : le robinet. Après les glaçons et la sensibilité, le robinet permet de comprendre les deux autres réglages participant à l’exposition.
- Le temps pendant lequel le robinet sera ouvert (l’eau coule) va représenter le temps de pose (également appelée vitesse d’obturation), la durée pendant laquelle la lumière passe par l’obturateur pour impressionner le capteur.
- L’ouverture plus ou moins grande du robinet (le débit d’écoulement) représente l’ouverture du diaphragme (le trou plus ou moins grand par lequel passe la lumière lorsque l’obturateur est ouvert).
Ainsi, une même quantité d’eau pourra être obtenue soit en ouvrant grand le robinet pendant peu de temps (le fort débit permet de rapidement fermer le robinet), soit en ouvrant très peu le robinet mais pendant plus longtemps (un faible débit nécessitera plus de temps pour remplir le verre).
En traduisant en termes photographiques, une même exposition pourra être obtenue soit en ouvrant grand le diaphragme pendant un temps de pose court, soit en ouvrant très peu le diaphragme pendant un temps de pose plus long.
La métaphore du verre d’eau et du robinet en résumé
- Eau = lumière
- Verre = capteur
- Verre rempli normalement = exposition équilibrée
- Verre peu rempli = sous-exposition
- Verre qui déborde = surexposition
- Glaçons = sensibilité
- Ouverture du robinet (débit) = Ouverture du diaphragme
- Temps d’ouverture du robinet, d’écoulement de l’eau = Temps de pose (vitesse d’obturation)
- tout d’abord, la quantité d’eau (de lumière) nécessaire pourra varier selon le nombre de glaçons mis dans le verre (la sensibilité)
- ensuite, le verre pourra être rempli lentement avec un filé d’eau (temps de pose long et petite ouverture) ou rapidement avec un fort débit (temps de pose court et grande ouverture).
Bien sûr, toutes les combinaisons sont possibles en faisant varier ces 3 paramètres : sensibilité (glaçons), ouverture du diaphragme (débit d’écoulement) et temps de pose (durée d’ouverture du robinet).
Et vous ? Utilisez-vous d’autres métaphores ? Est-ce que ces explications vous ont aidé ? ou pensez-vous qu’elles vous aideront à expliquer à d’autres cette notion d’exposition ? D’ailleurs, si vous pensez que cet article peut aider quelqu’un de votre entourage, n’hésitez pas à le partager !!!
Voilà encore une explication très claire et très bien argumentée pour les débutants !
Je ne connaissais pas la métaphore des glaçons mais je la trouve très judicieuse.
Merci ! Oui je la trouve en effet très pertinente et moins sujet à confusion que celle de la taille du verre
C’est marrant, j’ai pensé à la même chose pour expliquer le principe de l’exposition. J’ajouterai le phénomène de pression de l’eau. Je m’explique, plus le soleil brille, plus il y a de pression, et donc plus l’eau coule vite. Donc quand on donne un coup de flash, on augmente la pression en amont…
simple et clair! permet de redéfinir des notions un peu vagues ( pour moi) , telles que sensibilité, diaphragme et obturation, en les mettant en perspectives les unes avec les autres!
Super, la sensibilité j’ai plutôt l image de la taille du verre qui change (avec l artifice de la technologie et du software)
Oui en effet, la taille du verre est l’image la plus connue et utilisée pour expliquer l’effet de la plus ou moins grande sensibilité dans cette métaphore du verre d’eau, mais j’avoue, je préfère celle des glaçons pour plusieurs raisons :
• Avec la taille du verre, plus le verre est petit et plus cela correspond à une haute sensibilité (on a besoin de moins d’eau, de lumière), la logique est donc inversée.
• Comme le verre représente le capteur qui va récupérer la lumière (l’eau), alors changer de verre (verre plus ou moins grand) voudrait dire changer de capteur, donc d’appareil photo… je ne trouve pas ça très satisfaisant non plus.
A l’inverse, côté image des glaçons pour exprimer le changement de sensibilité et son impact :
• Le verre est toujours le même (sa taille ne varie pas), donc le capteur et si on extrapole, l’appareil photo ne changent pas (avant en argentique, on changeait de pellicule pour changer la sensibilité et l’image du verre qui change se trouvait d’une certaine façon justifiée, mais avec le numérique, il suffit de tourner une molette pour faire varier la sensibilité).
• plus on met de glaçons, plus la la valeur ISO de la sensibilité est élevée et moins on a besoin d’eau (de lumière) et inversement : la logique est respectée, le raisonnement et donc la compréhension s’en trouve simplifiée.
• et en plus, quand j’explique la métaphore du verre d’eau en faisant la démonstration lors de mes cours pour débutant, j’ai de faux glaçons en plastique de couleurs verte et rouge : ainsi, en plus de faire comprendre l’impact de la variation de la sensibilité, c’est aussi parfait pour figurer la perte plus ou moins grande de qualité de l’image, et plus précisément l’apparition du bruit numérique de chrominance avec des pixels aléatoires, le plus souvent de couleur verte et rouge 🙂