L’histogramme d’une photo est un outil particulièrement intéressant pour juger de l’exposition d’une photographie. Encore faut-il savoir lire et interpréter un histogramme et ne pas tomber dans la croyance plutôt répandue qu’il existe une forme d’histogramme soi-disant idéale…
Définition d’un histogramme
L’histogramme est une représentation graphique de la répartition des tons d’une image :
- Sur l’axe horizontal (en abscisse) : niveau de luminosité allant du noir au blanc en passant par tous les tons intermédiaires.
- Sur l’axe vertical (en ordonnée) : quantité de pixels pour chaque ton représenté.
En abscisse, on distingue souvent 5 zones de tonalités différentes (les appellations peuvent varier) :
- Noir profond et basses lumières (ombres denses)
- Tons foncés (ombres ouvertes)
- Tons moyens
- Tons clairs
- Hautes lumières et blanc pur
Où trouver l’histogramme photo
L’histogramme peut se retrouver sur l’écran arrière de votre appareil photo (en mode lecture ou en mode prise de vue par l’écran), dans un logiciel de retouche photo et même directement dans votre viseur (pour les appareils photos avec visée électronique).
Il pourra donc être utilisé au moment de la prise de vue, juste après en lecture sur le boîtier ou plus tard en post-traitement sur votre ordinateur.
- Chez Canon : la touche « INFO. » ou « DISP. » (pour « Display » en anglais) vous permet d’alterner entre différents affichages sur votre écran arrière et notamment d’afficher l’histogramme en mode lecture d’images ou en mode live view (prise de vue par l’écran arrière).
- Chez Leica : utilisez la touche « INFO » pour alterner entre différents affichages et visionner l’histogramme sur l’écran arrière (que ce soit sur une image enregistrée ou lors de la prise de vue).
- Chez Nikon : en mode lecture, utilisez la flèche basse ou haute du sélecteur multidirectionnel pour passer d’un affichage à l’autre et visualiser l’histogramme. Attention, l’histogramme ne s’affichera que si vous avez sélectionné l’option dans « Mode d’affichage » du menu visualisation. Sur certains boîtiers comme le D800, le bouton « info » permettra d’afficher l’histogramme au moment de la prise de vue par l’écran.
- Chez Pentax : en mode de lecture d’images, le bouton « INFO » permet d’alterner entre différentes informations concernant l’image et en particulier de faire apparaitre l’histogramme. Les réglages du mode live view permettent également d’afficher ou non l’histogramme au moment d’une prise de vue par l’écran (par défaut l’affichage n’est pas actif).
- Chez Sony : appuyez sur la touche « DISP » pour trouver le mode d’affichage avec l’histogramme. Avec les viseurs électroniques, les réglages personnalisés permettent d’avoir l’histogramme directement dans le viseur.
Lecture d’un histogramme
Savoir où se trouve l’histogramme est une chose, le lire et l’interpréter en est une autre. Pour bien comprendre, rien de tel qu’un exemple en image : une même photo avec des expositions et des histogrammes différents. Chaque photo sera suivie juste en dessous de son histogramme commenté.
Histogramme photo étendu
L’histogramme s’étale sur toute la plage de tonalité : il débute du noir profond jusqu’au blanc pur mais sans s’écraser à droite ou à gauche (très peu de noir et de blanc pur).
La photo présente peu d’ombres denses et une majorité d’ombres ouvertes et de tons moyens. A noter aussi une présence assez importante de tons clairs et hautes lumières (essentiellement les nuages et les reflets dans l’eau).
C’est le type d’histogramme que l’on rencontre assez souvent avec une photo de paysage dont l’exposition est équilibrée : toute la gamme tonale est présente et on n’est pas très loin de l’histogramme en forme de cloche souvent présenté comme « idéal ». Si dans l’histogramme nous n’avions eu aucune information côté droit, cela aurait indiqué que le blanc des nuages serait apparu grisâtre. De même, aucune information dans les ombres denses signifirait des noirs peu profonds, proches du gris. La photo ci-dessous présente un tel histogramme :
Histogramme photo ramassé au centre
Un histogramme ramassé au milieu, sans basses et hautes lumières est le signe d’une image peu contrastée. Pour cette photo de paysage, l’image est terne… Nous avons presque que des tons moyens et aucun tons en basse et haute lumière. Les blancs qui devraient être clairs, très proches du blanc pur (en particulier certaines zones dans les nuages) apparaissent gris clair. De même, les zones totalement à l’ombre sont plus proches du gris que du noir.
Histogramme photo ramassé à gauche
L’histogramme photo, dont la grande majorité des pixels est concentrée sur la gauche, informe d’une photo très sombre. Ici, on peut constater que, malgré tout, il y a peu de noir pur (si c’était le cas, nous aurions une première ligne verticale plus importante tout à gauche) : peu d’ombres sont bouchées (noir sans aucun détail). Côté droit, nous n’avons aucune informations : nous n’avons ni hautes lumières ni blanc et très peu de tons moyens. Même le blanc des nuages ne l’est pas. En tenant compte du contexte de la photo (prise de vue en plein jour), il est juste de dire que la photo est largement sous-exposée.
Histogramme photo ramassé à droite
Avec un histogramme ramassé sur la droite, nous sommes dans le cas inverse : nous avons à faire à une photo très lumineuse avec une absence de tons sombres et peu de tons moyens. Lorsque l’histogramme s’écrase sur la partie droite, cela signifie qu’un certain nombre de pixels sont blancs, on parle de « zones écrêtées », de « blancs cramés » (du blanc pur sans aucun détail). Cette photo est largement surexposée.
Utilité d’un histogramme photo
Juger de l’exposition d’une photo sur l’écran arrière de son appareil photo n’est pas toujours aisé, surtout si vous êtes en plein soleil. En plus, beaucoup d’appareils vont adapter la luminosité de l’image affichée sur l’écran pour tenir compte de la lumière ambiante… le système de compensation se déclenchera ou non, rendant la photo plus lumineuse ou au contraire plus sombre en fonction d’un environnement instable (écran au soleil ou non, capteur masqué…). Bref, les conditions pour apprécier l’exposition sont rarement idéales et la visualisation de la photo sur l’écran peut être piégeuse.
L’histogramme a l’énorme avantage de se baser sur des informations objectives : chaque pixel composant votre image aura une valeur de luminosité mesurable. L’histogramme va simplement être une représentation graphique de la répartition de la luminosité de l’ensemble des pixels de la photo.
Avec les alertes de surexposition (voire sur certains boîtiers de sous-exposition) l’histogramme est donc le moyen le plus sûr de savoir si votre photo présente des zones écrêtées. Et en plus, il vous donnera des informations sur la répartition des tons entre ces deux extrêmes.
C’est la magie du numérique ! Avec l’histogramme vous pouvez juger de la bonne exposition de votre photo au moment de la prise de vue (en vérifiant votre histogramme juste après ou même juste avant le déclenchement en utilisant le live view ou un viseur électronique…). Avec ces informations vous pourrez corriger facilement votre exposition afin d’avoir la meilleure exposition possible dès la prise de vue.
En particulier, c’est un outil extrêmement pratique pour ceux qui cherchent à caler l’histogramme à droite sans cramer les blancs (je ne rentrerai pas dans l’intérêt de cette pratique dans cet article).
Par exemple, l’histogramme d’une photo sur votre boîtier va peut être vous montrer un début d’écrêtage que vous n’aurez peut-être pas dans votre logiciel de retouche d’image : pensez qu’un RAW en 14 bits peut reproduire 16384 (214) tons alors que votre histogramme va devoir faire rentrer toutes ces nuances dans seulement 256 tons…
Le mythe de l’histogramme photo parfait
Je lis ou j’entends encore parfois qu’une photo réussie doit nécessairement avoir un histogramme en forme de cloche (ou en forme de « dos de dromadaire » pour ceux qui préfèrent les animaux 🙂 ) qui va du noir au blanc… Non, mille fois non !
Cela pourra en effet être le cas parfois, mais résumer une photo réussie à une forme « parfaite » d’histogramme est totalement réducteur. L’histogramme ne doit pas être interprété de manière absolue, sans faire référence à la photo à laquelle il est rattaché. Affirmer qu’il existe un histogramme « parfait » sous-entend que toute photo présentant cette forme d’histogramme serait réussie : aberrant, non ?
Quelques exemples pour montrer que cette théorie fumeuse ne tient pas la route :
Si on lit l’histogramme seul, ce que l’on peut simplement en déduire c’est qu’il y a uniquement des tons moyens et surtout beaucoup de tons sombres proches du noir avec vraiment très peu de tons clairs et de hautes lumières. En regardant l’histogramme, d’un point de vue technique, on pourrait parler de sous-exposition mais, en tenant compte du contexte, cette photo est bien exposée puisqu’il s’agit d’une photo de nuit.
Côté gauche, nous avons pour ainsi dire aucun pixel dans les tons foncés. L’histogramme est décalé vers la droite avec un pic dans les hautes lumières sans toutefois atteindre les blancs purs. L’histogramme ressemble à celui d’une photo surexposée mais le fond et le sujet dans les tons clairs expliquent cette forme qui, cette fois-ci, n’indique pas une erreur d’exposition.
Côté droit, l’histogramme présente une forme en cuvette très loin de notre fameux histogramme idéal. Le chat au pelage noir explique le pic sur la gauche et l’environnement clair qui l’entoure ceux de droite. Côté basse lumière, on constate que les noirs ne sont pas bouchés et que nous avons donc du détail dans le pelage de l’animal (différentes nuances du noir au gris très foncé). Côté décor, le premier pic représente le fond uniforme derrière le chat et le second petit pic, le dôme presque blanc sur lequel est assis le chat.
Sur ce type de photo, la mesure automatique d’exposition de l’appareil aura tendance à rendre le sujet gris et le fond trop clair (surexposition) : une correction d’exposition (dans le sens d’une sous-exposition) a donc été nécessaire pour que le pelage du chat apparaisse bien noir et non grisâtre. Ici l’absence de tons moyens est le signe d’une exposition réussie.
Encore un autre exemple qui nous montre que juger de l’exposition uniquement en regardant l’histogramme est un non-sens. Sans toutefois présenter des zones cramées, l’histogramme est totalement décalé vers la droite avec une absence totale de tons sombres. Sans voir la photo, nous pourrions conclure hâtivement à une surexposition. Mais ici, il est normal que la silhouette de l’arbre soit gris clair puisque nous avons une épaisse couche de brouillard qui s’intercale entre le photographe et l’arbre.
Si en post-traitement nous avions cherché à étaler l’histogramme pour avoir des noirs et des blancs, avoir plus de contraste, comme cela se fait souvent en photo de paysage, nous aurions simplement perdu l’ambiance brumeuse de la photo.
Vous admettrez que les photos présentées ci-dessus sont plutôt réussies, l’exposition est équilibrée (au regard des sujets photographiés), et pourtant nous sommes loin de la forme dite « idéale » décrite au début !
En résumé, l’histogramme doit toujours être interprété avec la photo lui correspondant. Sa forme va dépendre :
- du sujet et de son environnement (sujet noir sur fond blanc et inversement, paysage dans le brouillard, paysage enneigé, photo de nuit…).
- mais aussi de l’interprétation artistique faite par le photographe (sous-exposition ou surexposition volontaire comme par exemple avec les techniques du style « low key » ou « high key »…).
Et vous ?Utilisez-vous l’histogramme ? Pour ajuster l’exposition au moment de la prise de vue (en live view ou avec la visée électronique) ou juste après, en mode lecture pour vérification, ou encore lors du post-traitement avec un logiciel de retouche ?
Bonjour
Encore un tuto intéressant cela va me permettre de mieux interpreter mes images juste après les prises
@bientôt
Pour répondre à la question, j’ai tendance à toujours tout faire au pifomètre, et on me dit que c’est très mal, c’est pourquoi je cherchais un article sur l’histogramme. Je suis bien contente d’être tombée ici.
J’adore les explications illustrées par des exemples. C’est bien la première fois que je comprends parfaitement ce fichu truc ! Infiniment merci. 🙂
Super intéressant ! Merci, encore un tout bon post !
Je suis plus que d’accord avec vous sur la dernière partie (Le mythe de l’histogramme photo parfait), je pratique en tant qu’amateur et je fais dans 95% des cas, des photos de sports moteurs. Et bien j’ai pu constaté que j’avais de belles photos avec un histogramme décalé à droite ou à gauche ! 😉
Merci à vous 3 pour vos retours positifs ! 🙂
Voilà un article très intéressant et facile à comprendre.
Beau résumé de la façon d’appréhender comment utiliser ou pas l’histogramme.
Merci.
bonsoir de rouen
je travail avec l’histogramme de manière qu’il ne touche pas le coté droit.
amitiés josé
Oui en effet, c’est ce qu’on appelle couramment « exposer à droite » (caler l’histogramme vers la droite sans qu’il ne vienne s’écraser à droite, c-a-d sans cramer les blancs) : une technique très utilisée (à juste titre) en photo numérique !
Bonjour,
Excellent article qui apporte un éclairage complet, précis, simple et fort bien documenté sur l’histogramme. Ce qui est rarement le cas sur internet.
Ça devrait ravir nombre de lecteurs, qui comme Pastelle sont en difficulté avec cette notion de la photographie, pourtant assez simple mais souvent pas assez bien expliquée.
L’histogramme peut être corrigé en post traitement mais il est primordial d’exposer au mieux dès la prise de vue, ce qui implique une bonne analyse du sujet avant déclenchement. Au pire, vérifier l’histogramme sur l’écran de l’appareil et recommencer si cela vous semble utile, jusqu’à avoir une exposition la plus correcte possible.
Au début on réfléchi beaucoup et on tâtonne un peu mais avec le temps cela se simplifie.
Encore une fois BRAVO.
Je suis tout à fait d’accord avec vous (je ne parle pas de la qualité de l’article, quoi que 😀 )
bonjour Hervé, erreur de manipulation que je n’arrive pas à corriger : je voulais mettre 5 ètoiles et non 1 ! Je suis dèsolèe je vais fausser tes stats alors que je trouve ton sujet pertinent et ton article très interessant et très bien écrit. Je vais faire attention pour le prochain !
Bravo
Bonjour Françoise, merci pour ton commentaire. Pour la note, a priori ce n’est pas possible de revenir en arrière mais c’est pas bien grave : il n’y a plus qu’à espérer que les prochains lecteurs mettent une bonne note 😉
Bonjour Hervé,
Oui j’affiche l’histogramme avant la prise due afin de rechercher un maximum d’informations.Ton article est excellent et parfaitement imagé .Merci et bravo.Jak
Bonjour à vous. encore un article clair, bien documenté et bien ficelé. Je crois qu’une bonne compréhension d’un histogramme est primordiale en prise extérieure. C’est une façon sûre de contrôler une bonne exposition. Grand merci pour vos articles d’une grande qualité
Oui c’est en effet un outil qui est à mon sens très important
Merci pour votre retour 🙂
Bonjour.
Je viens d’acheter un 700d; Concernant l’astrophoto , avez vous des conseils quant aux meilleurs réglages qui soient.
cdlt
Oula, il y aurait tellement de trucs à dire ! L’astrophoto c’est un très vaste sujet…
Je ne suis pas spécialiste de la discipline mais disons que pour faire simple, avec du matériel de base (reflex + trépied sans parler de monture équatoriale, ni de logiciels spécifiques), pour des photos « classiques » de voie lactée (après avoir trouvé un coin sans trop de pollutions lumineuses), vous pourriez partir sur ce type de réglage :
Mise au point manuelle et mode d’exposition manuelle avec :
• Sensibilité assez élevée aux alentour de 1600 ISO (voir un peu plus selon le boîtier et les autres réglages)
• Ouverture maximum d’un objectif lumineux (ou éventuellement fermé d’un ou 2 diaph si la qualité à pleine ouverture est moyenne ; à voir aussi selon les limites en sensibilité et vitesse). Vous avez par exemple des 50mm peu chers et lumineux qui pourront très bien faire l’affaire (ouverture aux alentour de f/1.4, f/1.8).
• Vitesse d’obturation : plusieurs secondes mais sans aller trop loin si on veut éviter les filés d’étoiles ; avec un 50mm (je parle en équivalent 24x36mm), ce sera de l’ordre de 10s, pas beaucoup plus (un peu moins avec un 50mm sur un capteur APS-C comme sur le 700D) ; avec un 24 mm, on pourra avoir un temps plus long (une vingtaine de secondes sur plein format, une quinzaine sur APS-C)…
Réglages à adapter selon les conditions et le résultat obtenu…
très pédagogique, excellente approche avec des exemples « images » et l’histogramme correspondant
je crois que j’ai compris (je ne m’en servais jamais)
Je vais essayer avec les conseils d’Hervé de le mettre en pratique pendant mon stage photo du 4 au 11 avril 2020 dans le sud Marocain
merci Hervé
Merci Joël pour ton commentaire.
Oui nous pourrons, entre autres, voir/revoir l’utilisation de l’histogramme sur le terrain lors de notre voyage photo au Maroc 🙂
Bonjour Hervé,
en pleine formation a la photographie, votre article est hyper bien fait.
Je suis justement dans le chapitre des tonalités faibles, moyennes et fortes de la formation et votre article « éclaire » beaucoup ma lanterne !
Merci à vous
L’exemple par l’image (lol), rien de mieux !
Marc