La lune est un sujet photographique accessible à tout photographe disposant d’un peu de matériel (cela fait partie des rares sujets astronomiques pouvant être photographiés sans nécessairement devoir utiliser une longue-vue ou un télescope).
Dans cet article, je vais répondre à la triple question suivante : où, quand et comment photographier la lune ? Et pour conclure, je vous donnerai même quelques astuces pour traiter vos photos de lune sur un logiciel de retouche photo.
Nous allons donc voir ensemble :
- Quelques conseils généraux sur les lieux les plus propices pour observer et photographier la lune, quels sont les moments les plus intéressants pour la prendre en photo (en fonction des conditions météorologiques, des phases de la lune ou encore de sa taille apparente). Dans cette partie, je vous conseillerai des sites et applications qui pourront vous aider dans cette phase préparatoire.
- Quel matériel photo est souhaitable, voire indispensable pour photographier la lune et je vous guiderai pas à pas dans les réglages de votre appareil photo pour optimiser vos photos de lune.
- Le post-traitement des photos de la lune sur logiciel (comment améliorer une photo de la lune seule et même comment faire un montage simple de la lune dans son décor…).
Les photos de lune depuis la terre présentent toujours la même face de la lune. Il s’agit de la face appelée « face visible », en opposition à la « face cachée » de la lune (qui elle n’a pu être photographiée qu’à partir de sondes spatiales dès la fin des années 50). En effet, pour un observateur terrien, la lune est toujours tournée du même côté car sa période de rotation sur elle-même est égale à sa période de révolution autour de la terre (un peu plus de 27 jours). Autrement dit, elle tourne sur elle-même précisément à la même vitesse qu’elle fait un tour complet autour de la terre. On appelle ce phénomène une rotation synchrone.
Avez-vous une idée de l’importance de la lune pour la vie sur terre ?
Sans la force de gravitation qu’exerce la lune sur la terre, qui maintien l’inclinaison de l’axe de la rotation de la terre, il n’y aurait pas de saisons et le climat serait totalement chaotique et dévastateur. En réalité, sans la lune, il est plus que probable que nous ne serions tout simplement pas là pour parler photographie !
Pensez-y quand vous irez photographier la lune la prochaine fois ! Cette astre, qui fait partie de notre quotidien et que nous prenons rarement le temps d’admirer, a un rôle primordial que peu de gens imaginent et que maintenant vous connaissez… Alors, lorsque vous irez la photographier, appliquez-vous pour la montrer sous son plus beau « jour » car elle le vaut bien 😉 !
Où photographier la lune
Dans le principe, la réponse est : vous pouvez photographier la lune un peu n’importe où, tant qu’elle est visible de là où vous-êtes ! Nous allons en effet voir dans la partie suivante que pour photographier la lune, ce sera finalement plus une question de « quand » que de « où » …
La première réponse quelque peu simpliste doit toutefois être un peu nuancée. Sans même parler d’humidité et de nuages (nous verrons cet aspect dans « Quand photographier la lune »), même si une photo de lune sera beaucoup moins sensible à la pollution lumineuse qu’une photo du ciel étoilé, il n’en reste pas moins qu’un excès de lumière entre vous et l’astre lunaire pourrait être préjudiciable à la qualité de votre photo. Il sera donc préférable de vous éloigner des sources lumineuses. Et s’il en reste à proximité (maison éclairée, réverbère…), afin de minimiser le risque que des rayons de lumières parasites pénètrent dans votre objectif et dégrade la qualité de votre image, pensez à mettre votre paresoleil !
Dans l’idéal, un lieu à la campagne, à la montagne, loin des habitations augmentera vos chances d’avoir un ciel favorisant la qualité des observations (et des photos) d’objets célestes.
Quand photographier la lune
C’est la question essentielle à se poser si l’on souhaite photographier la lune : est-ce que les conditions météo nous permettent de la voir, si oui, voulons-nous l’immortaliser lorsqu’elle est pleine, en croissant, haute dans le ciel ou basse sur l’horizon… bref, quel est le meilleur moment pour photographier la lune ?
Une question de météo
Quand photographier la lune ? Et bien lorsqu’elle est visible, par ciel dégagé 🙂
Oui, je sais ce n’est pas un scoop… toutefois, nous allons voir qu’entre une lune entièrement masquée par les nuages et une lune parfaitement visible avec des conditions optimales d’observation, il peut y avoir quelques nuances et subtilités…
La couverture nuageuse
Si vous ne voulez pas vous lever ou vous déplacer pour rien, il sera prudent de regarder les prévisions météo pour savoir si vous avez des chances de voir la lune et donc de pouvoir la photographier.
Certains sites internet et application météo peuvent vous aider à faire ce travail d’anticipation.
Le voile atmosphérique
Il faut aussi être conscient que la lune pourra être visible (non masqué par des nuages), mais si l’atmosphère n’est pas claire, la netteté de la lune sera toute relative… un voile atmosphérique, une brume, même légère, risque d’estomper les détails du relief lunaire, de donner une photo de lune avec moins de détails, moins de netteté et de contraste. Bien sûr, nous pourrons améliorer en partie cet aspect en post-traitement, mais ayez conscience qu’aucun logiciel photo aussi performant soit-il ne pourra rattraper une photo floue et manquant de détails (un logiciel ne fera qu’accentuer des détails déjà existants).
Les turbulences atmosphériques : le seeing
Il sera également intéressant de prendre en compte les turbulences atmosphériques. Si la lune n’a pas d’atmosphère, ce n’est pas le cas de la terre (et heureusement pour nous) à partir de laquelle nous observons et photographions la lune. Avant de parvenir au capteur, les rayons lumineux formant l’image de la lune devront traverser la couche d’atmosphère terrestre qui est un milieu optique non homogène (par exemple, un air chaud n’a pas le même indice de réfraction qu’un air froid). En fonction du niveau de turbulences atmosphériques, les ondes lumineuses émises par la lune seront donc plus ou moins déformées et l’image de celle-ci plus ou moins dégradée.
De manière générale, comme dans le cas de la pollution lumineuse, un lieu le plus possible à l’écart des habitations présente normalement moins de risque de perturbation atmosphérique au niveau du sol.
Pour savoir si les conditions d’observation des étoiles (et dans notre cas de la lune) sont bonnes, les astronomes utilisent une grandeur appelée le seeing (du verbe anglais « see » voir), qui en mesurant les turbulences atmosphériques, permet de qualifier la qualité optique du ciel, c.-à-d. sa propension plus ou moins grande à restituer une image précise des astres observés.
Le seeing est exprimé en seconde d’arc (arcsec). Il s’agit d’une unité qui mesure très précisément un angle (beaucoup plus précis que le degré puisque une seconde d’arc est équivalent à 1°/3600).
- Une valeur élevée indique de fortes turbulences atmosphériques et donc de mauvaises conditions d’observation.
- Une valeur de 1 ou moins signifie que les turbulences atmosphériques sont peu importantes et donc que la qualité de visibilité du ciel est bonne, voire excellente. Pour vous donner un ordre d’idée, certains observatoires astronomiques au Chili peuvent présenter un seeing exceptionnel de 0,25 seconde d’arc.
A partir de la page d’accueil, il suffit de sélectionner le menu « Astronomical seeing » dans la section « Plein air & sports » dans le bandeau gauche : https://www.meteoblue.com/fr/meteo/outdoorsports/seeing/
Après avoir choisi votre lieu d’observation à partir de la zone en haut à gauche (en entrant un lieu, des coordonnées GPS ou en indiquant un point sur une carte), vous pourrez consulter un tableau des prévisions à 3 jours pour la version gratuite (à 7 jours si vous souscrivez à un abonnement).
L’heure de lever et de coucher du soleil et de la lune sont rappelées à gauche de ce tableau.
Dans le tableau des prévisions heure par heure, vous trouverez notamment la couverture nuageuse (divisée en couche basse, moyenne entre 4 et 8 km d’altitude et haute, de 8 à 15 km) et le fameux seeing avec la valeur en Arcseconde et deux indices de vue (Seeing index 1 et 2) correspondant à 2 modèles de calcul différents pour calculer la visibilité. Les indices ont une valeur comprise entre 1 à 5 avec un code couleur : un indice de 5 sur fond vert indique une excellente visibilité alors qu’une valeur de 1 sur fond rouge signale une mauvaise visibilité (la nuance de couleur tend à préciser la tendance, par exemple un 1 sur fond rouge indiquera une visibilité encore moins bonne qu’un 1 sur fond orange).
Pour mieux comprendre les différentes indications du tableau de prévision, vous pouvez vous rendre sur cette page d’aide : Astronomy seeing.
Les phases de la lune
Chaque phase de la lune à son charme particulier en photo. Il y a bien sûr la pleine lune, qui est sans doute la phase la plus photographiée. Toutefois sachez que ce n’est pas lors de cette phase que vous pourrez le mieux mettre en valeur le relief de la lune sur vos photos. Pendant cette phase, le soleil éclairera la lune de face et aura donc tendance à gommer le relief (un peu comme lorsque nous photographions un sujet avec le flash interne de notre appareil photo). Le jeu d’ombre et de lumière mettant en avant le relief sera beaucoup plus visible au niveau du terminateur (la ligne qui sépare la partie sombre de la partie éclairée de la lune) lorsque la lune n’est pas pleine.
Voici un petit schéma expliquant les phases de la lune.
Et un tableau résumant les phases de la lune avec la période de visibilité associée (Source principale Wikipédia).
Phase | Partie éclairée (avancée en %) | Période de visibilité |
---|---|---|
Nouvelle Lune (New moon) |
de 0 à 2% | Très peu visible. Comme lors de cette phase, la lune se trouve entre la Terre et le Soleil, elle n’est pas présente de nuit. Pendant la journée, la face visible de la lune n’étant pas éclairée par le Soleil et étant proche du disque solaire, elle est très difficilement visible. |
Premier Croissant (Waxing crescent) |
de 3 à 34% | Peu visible à son lever durant la plus grande partie de l’après-midi. Plus visible le soir (vers l’ouest) jusqu’à peu de temps après le coucher du soleil. |
Premier Quartier (First quarter) |
de 35 à 65% | Peu visible à son lever dans l’après-midi. Plus visible dans la soirée et la première moitié de la nuit jusqu’à son coucher vers l’ouest. |
Lune Gibbeuse Croissante (Waxing gibbous) |
de 66 à 96% | Bien visible dès son lever vers l’est en fin d’après-midi, également toute la soirée et une grande partie de la nuit jusqu’à son coucher vers l’ouest. |
Pleine Lune (Full Moon) |
de 97 à 100% puis de 100 à 97 % |
En hiver, bien visible à son lever et à son coucher et durant la majeure partie de la nuit. Le soleil et la lune ne sont pas visibles en même temps. En été, bien visible dès son lever à l’est peu avant le coucher de soleil (à l’ouest) et pendant toute la nuit jusqu’à son coucher vers l’ouest peu après le lever du soleil (à l’est). Le soleil et la lune sont visibles en même temps 2 fois dans la journée (après le lever et avant le coucher du soleil), mais à des positions opposées. |
Lune Gibbeuse Décroissante (Waning gibbous) |
de 96 à 66% | Visible une grande partie de la nuit et peu après le lever du soleil |
Dernier Quartier (Last quarter) |
de 65 à 35 % | Visible en fin de nuit, à l’aube et une partie de la matinée |
Dernier Croissant (Waning crescent) |
de 34 à 3 % | Visible vers l’est à l’aube, mais peu visible pendant la matinée |
Nouvelle Lune (New moon) |
de 2 à 0% | Très peu visible (idem premier commentaire 0 à 2%) |
Photographier la lune en fonction de sa position dans le ciel
Pour une photo de lune seule, nous l’avons vu précédemment, pour limiter au maximum les perturbations atmosphériques, il sera préférable de photographier la lune lorsqu’elle est haute dans le ciel.
A l’inverse, pour des photos plus originales incluant des éléments qui l’entoure (arbre, montagne, monument, clocher d’église …), vous n’aurez pas d’autres solutions (sauf en trichant avec des photos montages) que de photographier la lune lorsqu’elle est sur l’horizon (basse dans le ciel).
Nous verrons plus loin dans l’article qu’il existe des applications nous permettant de connaitre les heures de lever et de coucher de lune et aussi sa position et sa hauteur dans le ciel en fonction de l’heure d’observation.
Mais pour prévoir avant votre séance photo précisément en fonction de votre position dans quelle direction va se lever et se coucher la lune, rien de telle qu’une application comme The Photograph’s Ephemeris (TPE) qui vous donnera sur une carte heure par heure la course de la lune. Si vous voulez la lune avec un paysage ou un monument particulier, vous pourrez calculer quel jour et quelle heure seront compatibles avec la composition que vous avez en tête.
En vous inscrivant, vous pourrez utiliser une version gratuite sur ordinateur et en payant quelques euros, vous pourrez avoir l’application sur votre smartphone ou votre tablette (iOS ou Android).
La taille apparente de la lune
Même en la photographiant avec une longue focale (nous verrons plus loin quel est le matériel conseillé), la lune restera généralement assez petite dans le cadre de la photo. Il est donc normal de vouloir la prendre en photo lorsqu’elle apparait la plus grosse possible…
La variation réelle de la taille apparente de la lune
Comme l’orbite de la lune autour de la terre est complexe et que globalement il ne forme pas un cercle parfait, la distance Terre-Lune varie. Lorsque la lune est au plus proche de la terre, on parle du périgée et lorsqu’elle est le plus loin, de l’apogée.
pour parler d’une pleine lune ayant lieu au périgée (ou très proche de celui-ci), certains (surtout les médias et en astrologie) utilisent le terme de « super lune« .
Selon les sources, ces distances terre-lune peuvent différer en fonction de la période de prise en compte du calcul. Entre 1800 et 2050, au périgée, la distance (entre le centre de la Terre et celui de la Lune) est de 356 375 km (distance minimale atteinte le 4 janvier 1912) et à l’apogée de 406 711 km (distance maximale atteinte le 2 mars 1984).
Bien entendu, plus la lune sera proche de la terre et plus son diamètre apparent sera grand et inversement. Sur cette période de deux siècles et demi, le diamètre apparent de la lune aura varié au maximum de 12% comme le montre cette illustration d’un article de Sciences et Avenir (donc entre le périgée de 1912 et l’apogée de 1984).
Dans les faits, d’un mois à l’autre, cette variation de taille, même si elle correspond à une réalité physique, sera difficilement perceptible à l’œil nu. Pour s’apercevoir des variations de tailles, il faudrait prendre des photos de la lune (avec le même appareil et la même focale) et les comparer (une photo prise au périgée par rapport à une photo de lune « normale »). Si vous photographiez la lune à plusieurs mois (voire années) d’intervalle, la différence de taille pourra être assez significative, même si elle ne sera jamais aussi prononcée que sur l’illustration ci-dessus.
L’illusion d’augmentation de la taille apparente de la lune proche de l’horizon
Nous venons de voir que la taille apparente de la lune varie finalement assez peu d’un mois à l’autre. Pourtant, parfois, en observant la lune à l’œil nu, nous avons la nette impression qu’elle est vraiment plus grosse que d’habitude… cela se passe lorsque la lune est proche de l’horizon. Si on continue à l’observer alors qu’elle est plus haute dans le ciel, elle nous apparaitra à nouveau d’une taille tout à fait normale. Il s’agit simplement d’une illusion d’optique en rapport avec les éléments familiers du premier plan (arbre, bâtiments…).
A quelques heures d’intervalle, la lune qu’elle soit basse sur l’horizon ou haute dans le ciel fait toujours la même taille. Elle mesure seulement ½ degré (ou 30 minutes d’arc, puisque 1 degré peut être subdivisé en 60 minutes d’arc). Vous pouvez cacher la lune derrière votre petit doigt, bras tendu… en faisant ce petit test lorsque la lune est plus ou moins éloignée de l’horizon, vous pourrez aisément vérifier qu’il s’agit bien d’une erreur d’interprétation de notre cerveau.
Une application smartphone pour savoir quand photographier la lune
Il existe de nombreuses applications pour smartphone ou tablette qui permettent de prévoir les phases de la lune et anticiper facilement sa position dans le ciel. Parmi les différentes applications que j’ai pu tester sous Android, j’ai eu un vrai coup de cœur pour « Daff Lune » de Evgeny Fedorischenko. C’est sans doute la plus complète que j’ai pu utiliser. Elle est selon moi, bien pensée, ergonomique, visuellement très réussie et en plus traduite en français (ce qui est assez rare pour être signalé) ! Et pour couronner le tout, elle est gratuite et sans pub… que demander de plus !
Même si votre GPS est désactivé, vous pouvez entrer directement votre position en passant par le menu en haut à droite et en choisissant « Paramètres » puis « Localisation ».
Vers le bas, le premier onglet vous montrera la phase de la lune avec le visuel correspondant, vous donnera notamment son heure de lever et de coucher, son pourcentage d’éclairement, sa visibilité (œil vert ou gris barré)…
Dans tous les onglets, la barre du haut affiche la date et l’heure auxquelles les informations du dessous correspondent (juste au-dessus de la localisation). Vous pouvez changer directement la date et l’heure en appuyant dessus pour rentrer une nouvelle valeur ou simplement vous déplacer dans le temps dans le passé ou le futur en utilisant respectivement les flèches de gauche et droite (la simple flèche vous décale d’une heure et les doubles flèches avancent ou reculent d’un jour entier).
Si vous n’avez pas activé dans les paramètres le « Mode temps réel » qui rafraichit automatiquement l’heure, vous pouvez le faire manuellement en appuyant sur l’icône représentant une flèche qui revient sur elle-même en formant un cercle, juste à gauche du menu du haut à droite (symbole habituel du rafraichissement de page dans les navigateurs internet). Cette icône vous permet aussi de revenir à la date et l’heure actuelle si vous vous êtes déplacé dans le temps.
Dans cette application, pour repérer facilement la lune en fonction de l’heure, je trouve également très pratique l’onglet « Sphère » qui affiche une représentation en 3D de la terre avec la position de l’astre lunaire (et solaire) et les quatre points cardinaux (nord, sud, est et ouest). On voit tout de suite la direction, la hauteur de la lune et si elle est bien au-dessus de l’horizon à l’heure indiquée. Comme sur les onglets précédents, vous pouvez faire défiler le temps pour voir le mouvement de la lune. En glissant le doigt sur la sphère représentant la terre, vous pouvez changer l’orientation. Si vous ne voyez qu’une sphère sans autre indication, il suffit d’utiliser l’icône pour ramener à l’heure actuelle ou bien glisser le doigt sur la zone d’affichage.
En passant par le menu situé en haut à gauche (représenté par 3 lignes horizontales), vous pourrez aussi voir (entre autres) :
- Le calendrier des heures de lever et coucher de la lune
- Le calendrier des phases de la lune avec le visuel correspondant
- Les dates et heures des périgées et apogées
- Celles des supers lunes
- Les dates des éclipses solaires (lorsque la lune s’interpose entre le soleil et la terre, qu’elle passe devant le soleil et le masque en partie ou en totalité) et lunaires (lorsque la terre s’interpose entre la lune et le soleil, que la lune entre dans l’ombre ou la pénombre de la terre) avec leur visibilité (totale, partielle) ou non depuis votre position géographique.
A partir de ce menu, vous pouvez également ajouter des notifications pour être prévenu (à l’heure exacte ou avant) de la prochaine pleine lune, super lune, du lever ou coucher de lune, etc.
Et en complément de ce genre d’application spécifique à la lune, pensez aussi à l’incontournable application météo. Comme nous l’avons déjà vu, cette dernière vous aidera à déterminer si les conditions météorologiques seront favorables pour observer et photographier la lune.
Multiplier les sorties pour photographier la lune
La lecture de ces deux premières parties pourrait vous faire croire que c’est finalement compliqué de photographier la lune… Oui et non. Oui si vous cherchez à tout prix à réunir l’ensemble des conditions optimales et non si, comme je vous le conseille, vous acceptez les compromis car vous savez pertinemment qu’il sera très rare que tout se combine parfaitement…
En un mot, sortez photographier la lune le plus souvent possible, même si en théorie tout n’est pas parfait. D’ailleurs, même si le ciel est couvert, vous pourriez avoir la chance d’apercevoir la lune entre quelques nuages : ce sera l’occasion de faire des photos de lune plus originales, qui sorte de la traditionnelle photo de lune sur fond noir du ciel nocturne (vous pourrez voir quelques exemples dans la partie post-traitement).
A l’extrême, si vraiment vous voulez faire simple, suivez juste les phases de la lune sur un calendrier. Et pendant la phase qui vous intéresse, si le ciel est plus ou moins dégagé, sortez de temps en temps de chez vous pour cherchez la lune dans le ciel !
Plus vous multiplierez les sorties de photo de lune et plus vous augmenterez vos chances d’avoir de bonnes conditions et donc au final de belles photos… sauf si vous faites de grosses erreurs techniques de prises de vue. C’est ce que nous allons voir maintenant dans la prochaine partie : quel matériel photo utiliser et quels réglages choisir pour réussir vos photos de la lune.
Comment photographier la lune
Vous avez trouvé le lieu approprié, le disque lunaire est bien visible dans le ciel… il ne reste plus qu’à capturer l’instant en faisant quelques photos !
Voici donc quelques conseils pratiques pour réussir vos photos de la lune.
Le matériel photo conseillé
La lune est « seulement » 3-4 fois plus petite que la terre avec un diamètre d’environ 3 474 km (contre 12 742 kilomètres pour la terre), mais son éloignement moyen d’environ 384 400 km de notre terre, fait qu’elle nous apparait petite… même si elle nous semble bien souvent plus grosse qu’elle ne l’est en réalité, comme nous avons pu le voir plus haut dans la partie « La taille apparente de la lune ». En fait, vu depuis la terre, la lune ne mesure qu’un demi-degré, et comme déjà évoqué, aussi surprenant que cela puisse paraitre, vous pouvez la masquer entièrement derrière votre petit doigt, bras tendus…
Un objectif à longue focale
Bref, vous l’aurez compris, la lune est un tout petit sujet à prendre en photo et le commun des mortels n’a aucun moyen de s’en rapprocher pour qu’il apparaisse plus gros… dans un tel cas de figure, la seule solution est d’utiliser une longue focale (voire une très longue focale) pour que la lune paraisse assez grande dans le cadre de votre photo.
C’est donc le moment de sortir votre plus gros zoom ! Un long téléobjectif sera indispensable si vous voulez apercevoir en détail les nuances de gris argenté plus ou moins foncés de la lune, son paysage chaotique avec ses anciens volcans, ses cratères d’impact de météorites, ses montagnes et ses « mers » (immenses plaines basaltiques sombres formées par d’anciennes coulées de lave et des impacts d’énormes météorites)… Bien sûr, avec un simple appareil photo et sa plus longue focale, vous n’obtiendrez pas le niveau de détail qu’offre un télescope… mais avec un minimum de technique, vous éviterez les photos avec un simple disque lumineux et ferez apparaitre le relief lunaire.
Voici à peu près ce que vous obtiendrez comme cadrage en fonction de la focale utilisée (en équivalent 24×36 mm).
Je pense que pour photographier la lune seule, une focale de 300mm est le grand minimum (en équivalent 24×36 mm). Evidemment, si vous êtes trop court, vous pourrez toujours plus ou moins recadrer la photo. Les appareils présentant une très forte résolution en millions de pixels, autoriseront un recadrage prononcé tout en conservant encore une image aux dimensions honorables (même si ces considérations dépendent en réalité avant tout de ce que vous voulez faire de votre photo : affichage sur grand écran, simple partage sur internet, tirage grand format…).
Si vous avez une longue focale compatible avec le plein format et que vous avez la chance de pouvoir choisir entre un appareil photo à capteur 24x36mm ou APS-C, le choix du plus petit capteur (APS-C) vous permettra d’avoir un cadrage plus serré et donc une lune plus grosse sur votre photo.
Et une focale de 600 mm sur APS-C donnera un cadrage équivalent 24×36 mm de 900 mm (ou de 960 mm chez Canon, comme l’illustre les images ci-dessous).
Si vous êtes équipé en multiplicateurs de focale, c’est également l’occasion idéale pour sortir le plus puissant d’entre eux (un doubleur par exemple). Et si dans ce dernier cas, l’ajout du doubleur sur un objectif peu lumineux vous fait perdre l’autofocus, pour la photo de lune, il sera facile de faire la mise au point manuellement (voir plus loin la partie traitant des réglages).
Avec ces exemples, nous voyons que si nous ne voulons pas trop recadrer, dans l’idéal, il serait nécessaire de photographier la lune seule avec une focale d’environ 1000 mm voire plus… mais sauf sur certains bridges, ce type de focale est rare et chère quand il s’agit d’objectifs interchangeables.
Un trépied
Même si dans certains cas où la lune sera particulièrement lumineuse il sera possible de faire des photos à main levée, avec de longues focales, je vous conseille vivement d’utiliser un trépied. Ce sera moins fatiguant (dans le cas de matériel lourd) et vous gagnerez en stabilité. En évitant le risque de flou de bougé (le risque de trembler pendant la prise de vue et d’obtenir une photo floue), même avec une vitesse d’obturation lente, le trépied vous permettra de garder une sensibilité assez basse (et donc une meilleure qualité d’image).
D’autre part, si vous voulez photographiez la lune dans son décor naturel (par exemple avec des nuages), en autorisant un temps de pose assez long, le trépied facilitera la capture des éléments moins lumineux que la lune elle-même. Autrement dit, vous pourrez prendre une photo de la lune et une autre, avec un temps de pose plus long, du décor l’entourant. Ensuite il suffira d’assembler dans un logiciel les deux photos pour en faire une seule (nous verrons comment faire simplement ce type de montage photo dans la dernière partie consacrée au post-traitement).
Et pour éviter de bouger le boîtier en appuyant sur le déclencheur, pensez à utiliser une télécommande (ou à défaut le retardateur de votre appareil photo).
Autre solution que j’apprécie : utiliser son trépied pour soutenir le matériel tout en laissant déverrouillée la rotule (vous ne fixez pas votre cadrage). Vous verrez en effet qu’avec de très longues focales la lune bouge assez rapidement dans le cadre et qu’il faudra en permanence modifier votre angle de visée pour la suivre (ce qui peut à la longue s’avérer pénible). En laissant libre le cadrage, vous pourrez suivre aisément le mouvement de la lune tout en gardant une bonne stabilité grâce au trépied. Dans ce cas particulier où vous gardez en mains votre appareil photo malgré le trépied, contrairement au conseil précédent, je vous recommande d’activer l’éventuelle stabilisation.
- Prenez une tenue chaude, adaptée à la saison, car en toute logique vous allez passer du temps dehors à piétiner, sans le soleil pour réchauffer l’atmosphère !
- Une lampe de poche ou mieux encore une frontale, qui vous laissera les deux mains libres, pourra également vous être bien utile pour régler plus facilement votre appareil dans le noir (les appareils photo avec les touches et molettes rétroéclairées sont malheureusement bien rares).
Les réglages conseillés pour photographier la lune
Pour réussir vos photos de lune, voici quelques points importants à prendre en considération.
Focale maximale sur trépied
Comme nous venons de le voir, tirer le portrait de la lune suppose côté matériel :
- de sortir votre plus longue focale,
- et, si vous en avez un, d’utiliser votre trépied (dans le cas contraire, c’est à mon avis un achat que vous devriez envisager car un trépied a de nombreuses utilités en photo)
Précautions à prendre pour limiter au maximum le risque de flou de bougé
Pour maximiser votre stabilité (et donc le risque de flou de bougé), faite en sorte :
- de trouver une surface bien stable pour poser votre trépied (évitez par exemple une terrasse en bois où vos moindres mouvements feront bouger les lattes du plancher et donc votre trépied…).
- si votre objectif est volumineux et lourd (type 100-400 mm, 150-600 mm…), de fixer l’attache rapide du trépied au niveau du collier de pied de l’objectif (et non au niveau du boîtier) pour que votre matériel soit maintenu au plus proche de son centre de gravité.
- de déployer en priorité les sections des jambes du trépied les plus grosses et en dernier, si nécessaire, l’éventuelle colonne centrale.
- de bien serrer les différents éléments du trépied.
Et si vous fixez votre cadrage, pensez à :
- désactiver la stabilisation de votre objectif et/ou boîtier (nous en avons déjà parlé avant).
- utiliser une télécommande (ou le retardateur de votre appareil) pour éviter de faire trembler l’appareil en appuyant sur le déclencheur.
- si vous avez un boîtier reflex, activer l’option « Verrouillage du miroir » ou plus simple, surtout sur trépied, d’utiliser la visée par l’écran arrière (souvent appelé « live view » dans le langage courant).
- sur certains hybrides ou bridges, activer le mode anti-vibration (ou à défaut le mode silencieux).
Mode de mesure spot
Si la lune est plutôt petite dans le cadre (ce qui sera pour la plupart d’entre nous le cas, sauf à avoir une très longue focale), je vous conseille vivement de choisir la mesure spot sur la lune. Si vous faite une mesure « classique » la grande étendue noire autour de la lune va généralement provoquer une surexposition qui va faire que votre sujet, la lune, sera toute blanche, sans aucun détails visibles sur sa surface (reliefs, parties sombres et claires…).
Avec la mesure spot ciblant la lune, l’appareil calculera une exposition pour faire en sorte que la lune soit vers le milieu de l’histogramme (gris moyen). Cela vous assurera d’avoir des détails bien visibles à la surface de la lune.
Et même si vous décidez de passer en mode d’exposition Manuel (voir la partie suivante), ce mode de mesure vous donnera une bonne base de départ pour votre premier réglage. L’essentiel étant de ne pas « cramer » les hautes lumières de la lune pour ne pas se retrouver avec un simple cercle blanc…
Mode d’exposition priorité ouverture ou manuel
Pour photographier la lune, le mode de prise de vue « Priorité ouverture » associé au mode de mesure spot décrit précédemment vous donnera la bonne exposition pour vos photos de lune. Ensuite, sauf à avoir une lumière changeante (je pense à d’éventuels nuages masquant plus ou moins la lune), le passage en mode de prise de vue « Manuel » est sans doute le plus simple. En effet, si la lune se déplace et sort du cercle de la mesure spot (en position centrale ou lié au collimateur actif en fonction des appareils photo), cela évitera que l’exposition soit recalculée sur le ciel noir et donc que votre lune soit totalement surexposée. En mode « Manuel », votre exposition restera identique, même si votre cadrage change et que la mesure ne se fait pas exactement sur la lune.
Plein cadre
Une fois n’est pas coutume, pour une photo de la lune seule, je vous conseille de prendre votre sujet plein cadre : autrement dit, de mettre la lune en plein milieu du cadre. Ceci pour 2 raisons :
- bien souvent la mesure spot est fixée au centre (seuls certains appareils photo permettent de la lier au collimateur actif),
- les objectifs donnent habituellement le meilleur piqué dans cette zone centrale.
Avec une longue focale, vous serez certainement surpris de constater que la lune se déplace assez rapidement dans le cadre… si vous fixez votre cadrage, il vous faudra souvent le refaire lors d’une séance photo de lune. Pour éviter de le changer à nouveau, à peine votre réglage terminé, pensez éventuellement à anticiper le mouvement de la lune (dans notre hémisphère, elle se déplace de la gauche vers la droite et inversement dans l’hémisphère sud).
Choix des paramètres d’exposition
Ouverture
Choisissez de préférence l’ouverture qui donne le meilleur piqué pour votre objectif. Chaque objectif est spécifique, mais bien souvent en fermant le diaphragme d’environ 1 à 2 IL, on obtient une bonne qualité d’image (par exemple, on pourra choisir une ouverture de f/8 voire f/11 pour un objectif présentant une ouverture maximale de f/5,6).
En revanche, évitez de trop fermer le diaphragme, car en plus de perdre en vitesse d’obturation, le phénomène de diffraction vous fera également perdre en piqué (selon le couple boitier-objectif, on évitera en règle générale de dépasser f/11 voire f/16).
Sensibilité
Optez pour une valeur ISO basse la plus proche possible de la valeur native de votre appareil photo afin de limiter au maximum l’apparition du bruit numérique et de garantir ainsi la qualité de votre image.
Vitesse d’obturation
La vitesse sera dans un premier temps le résultat de vos 2 choix précédents et de l’application du mode de mesure spot préconisé plus haut. Elle pourra être adaptée selon votre matériel et les conditions de prise de vue.
Si vous photographiez la lune dans une phase où elle est en grande partie éclairée (proche de la pleine lune), vous devriez atteindre aisément une vitesse suffisante (temps de pose court), même avec la sensibilité au plus bas et un diaphragme un peu fermé.
Dans la mesure où vous êtes sur trépied, même une vitesse un peu faible par rapport à votre focale ne devrait pas entraîner de flou de bougé. En revanche, dans la mesure où la lune et la terre tournent, il faudra s’assurer d’avoir une vitesse assez rapide pour que la lune ne se déplace pas pendant le temps de pose (ce qui entraînera alors un flou de mouvement).
Il est difficile de donner une vitesse minimale car celle-ci va dépendre de plusieurs facteurs dont en particulier la focale utilisée et la définition plus au moins grande de votre capteur. Plus votre focale sera élevée (et donc plus la lune sera grosse dans le cadre de votre photo) et plus votre capteur sera défini, plus il vous faudra augmenter votre vitesse d’obturation pour éviter les risques de flous.
Pour vous donner un ordre d’idée, j’ai pu faire avec une focale de 600 mm montée sur un Canon au format APS-C (donc avec une focale équivalente de 960 mm), des photos où la lune était nette aux alentours de 1/50s, mais la plupart du temps j’étais plutôt autour de 1/200s.
Dans tous les cas, le mieux sera de vérifier pour votre propre matériel si la vitesse choisie est suffisante. Le plus simple sera de vérifier la netteté de votre image dès les premières prises de vue (pensez à zoomer car une photo affichée en tout petit sur votre écran arrière vous paraitra toujours plus nette qu’elle ne l’est en réalité).
Si la vitesse d’obturation s’avère trop limite (photo systématiquement floues ou taux d’échec trop important sur une série de photo), ouvrez un peu plus le diaphragme et/ou augmenter la sensibilité afin d’obtenir une vitesse plus élevée.
Les valeurs théoriques cibles optimales sont une chose, la réalité du terrain en est une autre ! Comme j’aime à le répéter dans mes cours et stages photo, plutôt que d’appliquer des recettes toutes prêtes données par un photographe qui n’a ni votre matériel, ni vos conditions de prise de vue, sachez vous adapter à votre propre matériel et aux contraintes de terrain que vous rencontrez.
Et pour les chanceux qui sont équipés d’une monture équatoriale permettant de suivre le mouvement des astres et en particulier de la lune, ils pourront se permettre de choisir des vitesses proche de la seconde et même au-delà sans risque d’avoir un flou de mouvement !
Balance des blancs
Le mode automatique donne généralement un résultat correct assez neutre. Mais vous pouvez toujours choisir de reprendre la main sur la balance des blancs et la régler manuellement pour obtenir une dominante de couleur plus marquée (je vous invite si besoin à lire ou relire l’article Comment régler la balance des blancs sur son appareil photo)
- Pour une lune assez neutre ou bien pour tenir compte des éventuelles dominantes de couleurs lors de la prise de vue (par exemple une lune « rousse »), privilégiez la balance des blancs réglée sur lumière du jour/soleil (aux environs de 5500 kelvins).
- Pour obtenir une lune un peu argentée (dans les tonalités bleutée), choisissez le réglage prédéfini « Tungstène » (ampoule incandescente) ou une valeur de température de couleurs en kelvins autour de 3000.
- Enfin, pour une lune « cuivrée » (dans les orangés), optez plutôt pour le réglage prédéfini lumière fluorescente (néon) ou ombre (aux alentours de 6500 à 7500 kelvins).
Bien sûr, vous pourrez toujours modifier la balance des blancs en post-traitement sur un logiciel photo (voire à ce sujet la dernière partie de l’article). Essayez toutefois de vous rapprocher dès la prise de vue, du résultat que vous recherchez surtout si vous travaillez en JPEG (contrairement au format de fichier RAW, en JPEG, la balance des blancs est appliquée directement à l’image ; vous risquez alors de dégrader l’image si vous devez faire après coup un changement important de balance des blancs).
Mise au point
Si la lune est assez grosse dans le cadre, vous pourrez faire la mise au point automatique. Pour faire une mise au point très précise, surtout si vous êtes sur trépied comme je vous le conseille, utilisez la prise de vue par l’écran arrière (live view). Si sur un reflex la mise au point est souvent plus lente qu’en visée directe par le viseur, la technologie utilisée évitera le risque de décalage de mise au point qui peut exister sur certains couples boîtier-objectif (décalage avant ou arrière, couramment décrit par les termes anglais « front » ou « back focus »).
Sinon, vous pouvez tout simplement passer en mise au point manuelle (cela vous évitera de perdre la mise au point si la lune n’est plus tout à fait sur votre collimateur actif) pour pouvoir régler très finement la mise au point en utilisant l’écran arrière et le mode loupe. En zoomant avec le mode loupe vous pourrez faire une mise au point extrêmement précise.
Multiplier les essais
Dans la mesure où vous devrez certainement recadrer votre photo pour que la lune ne soit pas ridiculement petite dans le cadre, vous devez être particulièrement attentif au piqué, à la netteté de vos photos de lune. En recadrant, c’est un peu comme si vous zoomiez dans la photo. Le moindre léger tremblement lors de la prise de vue se paiera par un léger flou qui sera visible une fois la photo recadrée…
Alors je vais vous donner un autre conseil que je donne rarement… après vous avoir suggéré de mettre votre sujet en plein milieu de la photo, voici maintenant que je vous conseille de multiplier vos photos de lune, et même pourquoi pas de faire quelques prise en rafale (évitez tout de même le mode le plus rapide, pour ne pas vous retrouver en quelques instants avec des dizaines de photo à trier). Dans l’absolu, il serait également judicieux de tester des paramètres d’exposition différents. Même si je vous ai donné les paramètres cibles théoriques qui sont censés vous donner le meilleur résultat, rien ne remplace l’expérimentation sur le terrain qui permettra de tenir compte de toutes les spécificités de votre matériel photo (par exemple un trépied pas parfaitement stable vous obligera à opter pour une vitesse d’obturation plus rapide que la vitesse théorique évitant que la lune bouge dans le cadre pendant l’exposition).
Vous constaterez certainement comme moi que lorsque vous allez comparer vos photos de lune sur votre écran d’ordinateur en zoomant dessus, certaines seront légèrement plus nettes que d’autres. Avec cette approche pragmatique, vous vous assurez ainsi d’avoir de bonnes photos et pourrez certainement aussi en déduire les paramètres d’exposition optimaux dans votre cas (à utiliser pour vos prochaines photos de lune).
Post-traitement et montages simples avec la lune
Dans cette partie, je vais distinguer les photos de la lune seule et les photos de la lune dans son environnement (monument, montagne, arbres, nuages…) avec ou sans montage photo.
Photo de lune seule : traitements logiciel de base
Si vous photographiez la lune seule, il n’y a aucun intérêt d’avoir une photo montrant un simple cercle de lumière. Dans ce type de photo, l’idée est de mettre en avant le relief de la lune, le paysage lunaire (cratères, volcans, montagnes, « mers »…). La condition préalable est donc de réussir l’exposition photo pour éviter de « cramer » le disque lunaire (d’avoir des aplats blancs sans aucun détail). Ensuite, vous pourrez faire quelques ajustements simples sur un logiciel photo pour mettre un peu plus en valeur votre sujet et notamment son relief.
Voici quelques pistes à explorer (les termes utilisés sont ceux du logiciel Adobe Lightroom ; ils pourront varier d’un logiciel photo à l’autre, mais le principe d’intervention sera similaire) :
Recadrage
La plupart du temps nous n’avons pas une focale assez longue pour que la lune prenne la majeure partie du cadre de la photo. Pour que la lune n’ait pas l’air minuscule dans votre photo, vous serez obligé de faire un recadrage. Attention dans ce cas à avoir en tête de garder des dimensions en pixels suffisantes en fonction de ce que vous envisagez de faire de votre photo (publication internet, affichage en fond d’écran, impression dans un format plus ou moins grand…). Bien sûr, si vous n’êtes pas équipé d’une focale suffisamment longue, vous serez contraint de recadrer fortement pour avoir une composition équilibrée. Soyez alors conscient que la taille réduite de votre photo vous limitera à certains usages (partage de la photo sur internet par exemple) et vous en interdira d’autres (un affichage en haute définition, un grand tirage photo…).
Exposition
Normalement, avec les conseils de la partie précédente, vous devriez avoir bien géré l’exposition. Toutefois, rien ne vous empêche de faire quelques ajustements pour peaufiner la gestion de la luminosité de votre photo. Dans ce but, dans Lightroom, vous pourrez jouer sur les curseurs suivant :
- Exposition : pour ajuster la luminosité globale de l’image.
- Hautes lumières (tons clairs) : si certaines parties de la lune paraissent trop blanches et affichent peu de détails, glissez le curseur vers la gauche pour récupérer des détails dans les tons clairs (si les zones ne sont pas toute blanches, « cramées »).
- Ombres (tons foncés) : si les zones sombres vous paraissent trop foncées, faites glisser le curseur vers la droite pour éclaircir les tons foncés et récupérer des détails dans les ombres (et inversement).
- Blancs (extrême droite de l’histogramme) : ce curseur agira principalement sur les blancs (tons très clairs). Un peu comme avec les hautes lumières, faites glisser le curseur vers la gauche pour réduire l’écrêtage des tons clairs.
- Noirs (extrême gauche de l’histogramme) : ce curseur agit principalement sur les noirs (tons très foncés). En glissant le curseur vers la gauche, vous pourrez par exemple rendre plus profond, plus noir le ciel entourant la lune.
Balance des blancs
Si la dominante de couleur de la lune ne vous convient pas, ajustez finement la balance des blancs.
- Faites en sorte qu’elle réponde le mieux possible à ce que vous aviez en mémoire lorsque vous aviez fait la photo
- ou bien optez pour une approche plus créative en choisissant une autre dominante de couleur (lune plus « argentée », « rousse » ou « cuivrée » comme elle peut parfois nous apparaitre)…
Si nécessaire, l’article Corriger la balance des blancs sur un logiciel vous en apprendra plus à ce sujet.
Contraste et netteté
Enfin, comme nous l’avions dit en introduction de cette partie, ce qui est particulièrement intéressant dans une photo de lune seule, c’est de mettre en avant le relief du sol lunaire.
Pour commencer, si vous estimez qu’il y a un léger voile atmosphérique qui atténue un peu la netteté, essayez d’utiliser le curseur « Correction du voile » du panneau « Effets ». Personnellement, je n’ai pas eu à utiliser cette fonctionnalité sur mes photos de lune, mais je pense que c’est un traitement à envisager si vous aviez un voile, une brume assez présente lors de la prise de vue.
Pour mieux faire ressortir les irrégularités du sol lunaire, vous pouvez jouer sur les curseurs suivants :
- Contraste : en déplaçant le curseur vers la droite, vous augmentez le contraste global de la photo (les tons foncés s’assombrissent et les tons clairs s’éclaircissent).
- Clarté : en agissant sur les micro-contrastes, ce curseur sera particulièrement efficace pour mettre en avant le relief lunaire. En glissant le curseur vers la droite, les détails et contours sont plus visibles, le relief semble plus marqué. Pour mieux voir l’effet et ajuster plus finement ce curseur, vous pouvez zoomer à 100%.
- Pour ajouter de la netteté à l’image, vous pouvez également utiliser le panneau « Détail » et en particulier augmenter un peu le curseur Gain (là aussi vous pouvez zoomer à 100% pour mieux voir l’effet du curseur).
- Enfin, si la lune a une dominante de couleur (argentée, cuivrée…), vous pouvez choisir d’accentuer légèrement cette dominante en utilisant le curseur Vibrance (en revanche, si votre lune est grise, cela n’aura quasiment aucun effet).
Voici, ce que ce type de post-traitement peu donner sur une photo de lune seule :
Et pour que les modifications soient un peu plus visibles, voici un avant/après post-traitement des 2 photos de lune qui se superposent : la réglette du milieu représente la zone de transition entre la photo avant (à gauche) et après (à droite). Vous pouvez la déplacer avec la souris (par un glissé « classique » en gardant appuyé le bouton gauche de la souris) : vers la droite pour voir plus (ou la totalité) de la photo d’avant et inversement, vers la gauche, pour afficher plus de la photo d’après.
Photo de lune dans son contexte sans photomontage
Cela peut être tout simplement la lune entourée de nuages (2 premières photos ci-dessous), ou bien avec un peu de chance, un avion de ligne qui passe devant la lune (photo d’après). Dans ces exemples, les réglages en post-traitement sont tout à fait comparables à ceux décrits dans la partie précédente. La lune reste importante dans la composition et c’est avant tout elle que nous cherchons à mettre en valeur (elle et les éventuels nuages l’entourant).
Dans la photo ci-dessous, il est vrai que la lune est assez petite, mais cela reste le sujet principal mis en valeur par les nuages. Dans ce cas précis, j’aime bien que la lune soit peu imposante dans le cadre car cela me fait penser à une perle dans son écrin.
Dans certaines photos, la lune est là plus pour équilibrer une composition et donner un plus à une photo de paysage. Elle est importante dans la photo, mais ne peut pas non plus être considérée comme le sujet principal, comme c’était le cas dans les photos précédentes. Dans de tels cas, le post-traitement sera celui que vous faite habituellement pour vos photos de paysage.
A l’extrême, si jusqu’ici j’ai insisté sur le fait d’essayer au maximum de préserver le relief lunaire sur vos photos, il y a des cas où je pense que cela n’est pas nécessaire. Je pense aux photos jouant sur les reflets de la lune. Dans les photos ci-dessous, la lune se résume à un halo lumineux. C’est plus l’ambiance qui est recherchée plutôt que vouloir à tout prix préserver les détails de l’astre lunaire. La photo peut même être très simple et épurée avec juste la lune et son reflet dans l’océan comme sur la seconde photo.
Photo de lune dans son contexte avec photomontage
Je trouve visuellement plaisant et plus original (par rapport à la « traditionnelle » lune sur fond de ciel noir) d’avoir une photo de la lune entourée de nuages.
Il faut en revanche savoir qu’il est rare de pouvoir avoir à la fois les nuages et la lune bien exposée en une seule prise de vue. Le contraste dépassant les capacités du capteur photo, il faut alors choisir entre la lune ou bien les nuages. Sur les premières photos de lune avec des nuages que je vous ai présenté ci-dessus (les 2 photos juste avant celle de l’avion passant devant la lune), j’ai eu la chance que l’écart de luminosité entre la lune et les nuages soit atténué par la présence d’un voile nuageux devant la lune réduisant ainsi son éclat. Mais la plupart du temps, il sera nécessaire de faire une photo bien exposée de la lune et une autre photo pour les nuages l’entourant (avec un temps de pose plus long). Il vous restera ensuite à assembler les deux images sur un logiciel photo pour en faire une seule comme sur la photo ci-dessous.
Je vous explique ma technique de montage. J’utilise ici Photoshop (version CS6), mais la démarche décrite devrait pouvoir être reproduite sur d’autres logiciels de retouche photo.
Comme il a déjà été précisé, vous devez penser au montage dès la prise de vue en ayant pris 2 photos : une pour la lune et une pour les nuages autour d’elle.
Dans cet autre exemple,
- la première photo a été prise avec une vitesse d’obturation de 1/400s (ouverture f/6,3 et sensibilité 200 ISO)
- et juste après, la seconde photo à 1/6s (mêmes ouverture et sensibilité).
Alors qu’elles ont été prises au même moment avec le même cadrage, l’écart important de luminosité explique que :
- Sur la première photo les nuages sont invisibles (ils sont tout noirs car la vitesse d’obturation est trop rapide pour les faire apparaitre).
- Sur la seconde photo, la lune est surexposée (le disque lunaire est blanc sans détails car si le temps d’exposition est cette fois-ci assez long pour faire ressortir les nuages, il est en revanche trop long pour préserver le relief de la lune).
Voici les quelques étapes que je fais pour assembler les 2 photos (il y a certainement d’autres méthodes, mais celle-ci donne un bon résultat tout en étant simple et rapide) :
1) Après une préparation rapide sous Lightroom (petits ajustement de l’exposition et de la netteté), je réunis les 2 photos sous un même document Photoshop. Le calque du dessus étant celui avec la lune seule bien exposée.
2) Je passe temporairement le calque du haut (lune seule) en mode de fusion « Différence » pour pouvoir ajuster facilement la position de la lune sur la position du cercle blanc du second calque (même si les photos ont été prises quasiment en même temps, il peut y avoir un petit décalage).
3) J’agrandis très légèrement la lune afin qu’elle couvre entièrement le cercle lumineux par le menu « Edition – Transformation manuelle (Ctrl + T) » (en prenant soin de garder les proportions en laissant appuyé la touche MAJ) puis, toujours en mode différence, je recentre précisément la lune sur le cercle lumineux.
4) Je repasse en mode de fusion « Normal » (le calque du dessous avec les nuages devient à nouveau invisible, masqué par le calque du dessus de la lune seule).
Dans un cas comme celui-ci où le ciel autour de la lune est bien noir, le plus simple est d’utiliser les options de fusion du calque pour masquer le ciel sombre et laisser passer uniquement les partie les plus claires du calque, autrement dit la lune. Pour cela, il suffit d’aller dans Style de calque (menu « Calque – Style de calque – Options de fusion… » ou double-clic à droite du libellé du calque). Dans « Options de fusion » , dans la partie « Comparaison sur » en bas de la fenêtre, laissez la valeur à « Gris » dans la fenêtre déroulante (à droite de « Comparaison sur ») et au niveau du libellé « Ce calque » déplacer le curseur des noirs (cf. première capture ci-dessous) vers la droite pour masquer les parties sombres et donc faire apparaitre le calque du dessous (avec les nuages).
Déplacez le curseur juste avant de faire disparaitre des parties de la lune (cf. seconde capture ci-dessous) : aller un peu trop loin pour voir où se trouve la limite et revenir légèrement en arrière. Pensez à zoomer pour mieux repérer les tout premiers pixels qui disparaissent.
Au lieu de galérer avec les outils de détourage et d’avoir un résultat parfois médiocre (la zone de transition lune/ciel peut être délicate à gérer), avec cette méthode, en à peine 5 mn dans Photoshop, nous obtenons un montage photo de la lune que je trouve personnellement satisfaisant :
Photographier la lune : ouvertures et perspectives
Vous avez pu le constater, photographier la lune est un domaine de la photo un peu à part. C’est un exercice qui nécessite un peu de matériel et quelques bonnes bases techniques. Un sujet à la fois exigeant et inspirant ! Un sujet qui je trouve permet idéalement d’associer technique et créativité (et de les réconcilier pour ceux qui penseraient que ces deux termes s’opposent…).
D’ailleurs certains photographes (comme le français Laurent Laveder) ont fait des séries entières, à la fois drôles et poétiques, de photos de lune en jouant sur la perspective (la lune devient alors un ballon, une horloge, une lumière…). Alors apprenez un minimum la technique et surtout amusez-vous !
Et vous ? Avez-vous déjà photographié la lune ? Etes-vous satisfait de vos photos ? Avez-vous déjà tenté de faire un montage photo avec la lune ? Pensez-vous que les conseils que je vous ai donné dans cet article pourront vous aider à améliorer vos photos de lune ? Avez-vous d’autres conseils, d’autres techniques à partager ? …
Waouhh ! Quel article Hervé ! Bravo et merci pour toutes ces instructives informations concernant la photo de lune ! Maintenant nous avons tous les renseignements nécessaires pour réussir ce genre de photos que je ne faisais qu’épisodiquement. Je crois que je vais sortir plus souvent mon trépied quand les nuits viendront.
Encore merci pour ce partage et bonne continuation !
Bonjour Hervé,
Voici un bel article, pratique, instructif, d’une didactique très professionnelle, à consulter précieusement et surtout à partager sans réserve. Amicalement et bel été.
Merci à vous deux pour ces retours très positifs !
Bonjour Hervé,
j’aurai une question à te poser concernant ton « avant-après » réalisé avec juxtapose js. Comment as-tu fais pour réduire la taille de ton image ? J’ai procédé à un essai et je me retrouve avec une image qui occupe toute la largeur de mon navigateur !
Merci d’avance pour ta réponse
Pour le visuel de la lune avant/après post-traitement (photos superposées avec réglette à déplacer pour voir plus l’une ou l’autre), je n’ai rien fait de particulier :
Après avoir préparé mes photos de lune avec la bonne largeur par rapport à la colonne d’écriture de mon blog (620 px dans mon cas ; j’adapte systématiquement mes photos d’illustration pour les mettre à la bonne taille et les optimiser pour l’affichage sur le web), j’ai indiqué leur chemin dans l’utilitaire.
Ensuite j’ai mis le libellé pour chaque photo de lune (« Avant » et « Après »), choisi les options qui me conviennent (« Show Labels » et « Make Responsive ») et enfin j’ai simplement généré le code et l’ai copié-collé dans le code html de ma page : j’ai utilisé le second code, celui avec la balise <iframe>.
Dans mon cas, le code contient notamment l’instruction width=“100%” (et height=“620”) qui permet de prendre toute la largeur disponible de la colonne réservée au texte de l’article.
Mais à mon avis, tu peux aussi changer en mettant directement une valeur en pixels, par exemple width=“620”, comme c’est déjà le cas pour la propriété height gérant la hauteur (valeur à adapter selon la page).
Merci Hervé de ta réponse documentée ! Je comprends mieux maintenant, je n’avais pas préparé mes photos au préalable.
Trés trés bon, un article intelligent qui se permet avec brio d’associer la connaissance scientifique à l’art photographique. Du sérieux, de la compétence, que du bonheur Un grand merci
Merci pour ce joli commentaire 🙂
ça fait plaisir à lire !
Superbe article Hervé !
Aucune excuse maintenant de ne pas sortir quelques bonnes photos de lune après avoir lu tes conseils techniques et idées « poétiques »… (Tiens, un vieux souvenir d’une sortie photo nocturne dans Biarritz ensemble il y a déjà quelques années, je me rappelle mon désarroi au moment de changer la batterie vide de mon boitier que celles de rechange étaient aussi vides…).
Bravo et merci Hervé pour ce blog et tes articles.
Merci Vincent pour ton retour ! A bientôt !
Article éblouissant ! Un très très grand bravo !
Merci beaucoup.
MJ
Merci à vous 🙂
Wouah !! bravo !
que d’infos dans cet article!!!
j’adore l’appli DaffLune que je ne connaissais pas
un grand merci Hervé pour cet article époustouflant et de très grande qualité
j’ai déjà fait des photos de lune qq unes réussies mais là je vais encore m’améliorer !!!
Michele
Tres bel article, extrêmement documenté ….à relire plusieurs fois
Merci
Super article !!! très complet, très clair ; merci pour ce partage de grande qualité
Grazie mille 🙂
Lili
Bravo pour cet article très complet qui a nécessité je pense beaucoup de travail de votre part, pour ce qui concerne la partie connaissance de la lune. (Si l’astronomie n’est pas votre première passion), les mots sont explicités avec beaucoup de pédagogie, je suis moi-même photographe professionnel et je pratique l’astronomie à mes heures perdues. (visuelle pas d’astrophotographie)
Au plaisir de vous lire.
Merci pour votre retour positif ! Oui vous avez raison, cela a demandé beaucoup de travail (mais c’est toujours plus simple quand on en apprend plus sur un sujet passionnant)