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Comment photographier un hélicoptère en vol

Pour réussir ses photos d’hélicoptère en vol, toute la difficulté va être de trouver la bonne vitesse d’obturation pour avoir l’appareil bien net sans toutefois figer les pales de l’hélicoptère. Le principe est simple à comprendre mais la pratique s’avère assez délicate : il va falloir trouver un temps de pose assez court pour ne pas avoir de flou de bougé ou de mouvement du sujet mais tout de même assez long pour ne pas figer les pales du rotor de l’hélicoptère.

Les photos des hélicoptères de la gendarmerie nationale et de l’armée de l’air qui illustrent cet article ont été prises à Anglet au moment du naufrage du cargo espagnol le « Luno » sur la côte basque (le 5 février 2014).

Hélicoptère de la gendarmerie au solÉvacuons d’abord une banalité : au sol, à l’arrêt (moteur éteint), aucune difficulté pour photographier un hélicoptère ; la vitesse d’obturation importe peu, il suffit juste de penser comme d’habitude à éviter le flou de bougé (celui du photographe).
Appliquer la règle de l’inverse de la focale est un moyen simple d’éviter ce flou de bougé.
Si vous prenez la photo avec une focale de 60 mm, il faudra avoir une vitesse d’obturation d’au moins 1/60ème avec un appareil plein format (capteur de dimension 24x36mm) ou d’au moins 1/90ème arrondi à 1/125ème (valeur de vitesse standardisée) sur un appareil à capteur APS-C (prise en compte du coefficient multiplicateur d’environ 1,5). Cette règle qui a l’avantage d’être simple et de donner un bon point de départ peut être ajustée en fonction de la stabilité du photographe (position, point d’appui, poids de l’objectif…) et de l’utilisation ou non d’un objectif stabilisé.

Trouver la vitesse d’obturation optimale

Hélicoptère en vol - 1/1250s - pales figées

Image 2 – Focale 280mm, 1/1250s à f/4 ISO-200

Pour un hélicoptère en vol, si vous optez pour une vitesse trop rapide : au-delà de 1/500ème voire 1/1000ème, vous allez certes avoir un hélicoptère bien net mais vous allez également figer ses pales : la position des pales peut ne pas être très esthétique mais surtout l’absence de flou à ce niveau donnera une impression irréelle comme si l’hélicoptère ne devrait pas être en l’air puisque les pales ne semblent pas tourner. Bref une photo plutôt loupée comme celle présentée ici (image 2).

Avec une vitesse trop lente, vous allez avoir un joli flou au niveau des pales mais votre sujet principal, l’hélicoptère risque également d’être flou. Dans ce cas la photo est totalement ratée.

On l’aura compris, il va falloir trouver un compromis et chercher la vitesse idéale :

  • Assez lente pour avoir du flou au niveau des pales
  • Assez rapide pour ne pas avoir toute la photo floue (le flou ne doit être visible que sur les pales)

La vitesse étant le paramètre principal à fixer ici, à mon avis, le plus simple est de se mettre en mode de prise de vue semi-automatique « priorité vitesse ».

Vous pouvez commencer avec une vitesse assez élevée de 1/250ème ou 1/125ème puis si les pales sont trop figées baisser légèrement jusqu’à trouver une vitesse qui vous donne un bel effet de flou sur les pales mais une netteté suffisante sur le reste de la photo (sur l’écran de votre appareil photo, n’hésitez pas à zoomer dans la photo pour mieux juger de la netteté globale de votre prise de vue).

Sachez que la plupart des appareils photo permettent de choisir les paliers de réglage d’exposition par moitié ou 1/3 de valeurs. Réglé par palier d’1/3, vous pourrez régler très précisément la vitesse et donc votre effet de flou : par exemple au lieu de passer directement de 1/60ème à 1/125ème, il y aura 2 paliers intermédiaires : 1/80ème et 1/100ème.

Dans mon cas, la vitesse d’obturation de l’ordre de 1/80ème m’a semblé un bon compromis (image 4). En dessous j’avais trop de déchets, au-dessus, les pales n’étaient pas assez floues à mon goût pour donner l’impression de mouvement (image 3).

Hélicoptère en vol - 1/125s - flou de mouvement sur les pales

Image 3 – 192mm, 1/125s à f/8 ISO-100

Hélicoptère en vol - 1/80s - flou de mouvement sur les pales

Image 4 – 420mm, 1/80s à f/22 ISO-100

Hélicoptère en vol - 1/60s - flou de mouvement sur les pales

Image 5 – 98mm, 1/60s à f/11 ISO-100

Hélicoptère en vol - 1/50s - flou de mouvement sur les pales

Image 6 – 420mm, 1/50s à f/16 ISO-100

Hélicoptère en vol - 1/30s - flou de mouvement sur les pales

Image 7 – 125mm, 1/30s à f/11 ISO-100

L’avantage des hélicoptères par rapport aux avions à hélices c’est que la vitesse de rotation du rotor est constante. Avec les avions, la vitesse de rotation de l’hélice varie selon le régime moteur et les phases de vol. Pour des photos d’hélicoptères, une fois la vitesse d’obturation idéale trouvée, vous pouvez la garder tout au long de votre shooting.

Attention, si la vitesse de rotation du rotor d’un hélicoptère est constante pour un même appareil, elle pourra légèrement varier d’un modèle d’hélicoptère à un autre : il faudra donc adapter votre temps de pose au cas par cas.
Pour trouver le bon temps de pose, focalisez-vous sur le rotor principal et non sur le rotor de queue. D’une part, le rotor de queue tourne plus vite que le rotor principal comme le montre les photos ci-dessus (bien visible sur l’image 3) et sera donc moins sujet à être figé. D’autre part, il aura aussi une moindre importance dans la composition et le réalisme de la photo. Au contraire, la photo semblera irréelle si les pales du rotor principal censées porter l’hélicoptère sont figées.

Eviter le flou de bougé

Dans les exemples ci-dessus, on peut constater que je n’applique pas vraiment la règle de vitesse de l’inverse de la focale expliquée au début. En effet, selon les conditions de prise de vue, l’utilisation d’une longue focale est souvent incontournable. Et si l’on choisit malgré tout de privilégier l’esthétique en optant pour une vitesse adaptée au flou des pales, on augmente grandement le risque de flou de bougé et donc d’avoir pas mal de photos inexploitables. Dans le cas de photos d’hélicoptères, une difficulté supplémentaire s’ajoute puisqu’il s’agit de suivre dans le viseur un objet en mouvement (sauf si l’hélicoptère est en vol stationnaire 😉 ). Bref ne vous inquiétez pas s’il y a quelques loupés, c’est tout à fait normal !

Toutefois pour limiter la casse lorsque vous travaillez avec une vitesse limite par rapport au flou de bougé, vous pouvez utiliser les astuces suivantes :

  • Chercher une plus grande stabilité : soigner sa position, trouver un appui (poteau, muret…)
  • Utiliser le mode rafale : sur plusieurs photos d’une même série prise en rafale, vous constaterez généralement en post-traitement qu’au moins une photo sera plus nette que les autres. D’autre part si toutes sont nettes, cela permettra de choisir la position la plus esthétique pour les pales.
  • Activer le stabilisateur de votre objectif (ou de votre appareil pour certaines marques comme Pentax)
  • Pour les mieux équipés, un pied avec une tête pendulaire peut aussi être d’une grande aide pour ce type de photos.

Et vous ? Avez-vous déjà eu l’occasion de photographier des hélicoptères ? Avez-vous d’autres conseils pour réussir ce type de photos ?

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À propos de : Hervé (LuzPhotos)

Hervé Drouet, photographe professionnel au pays basque, spécialiste formation photo et rédacteur du blog LuzPhotos.

6 commentaires

  1. Bonjour,
    Merci beaucoup pour ce commentaire, j’avais déjà constaté ces problèmes de vitesses, Vos explications sont claires et très pratiques. Un grand merci et une bonne continuation dans vos clichés.

  2. Question: si l’hélicoptère est shooté avec une une longue focale ( 200,300,400 mm…) ça oblige à choisir une vitesse d’au moins 1/200 à 1/400 ème de sec. pour éviter le flou de bougé. Comment dans ce cas-là ne pas « figer » les pales ?

    • Oui vous avez raison, c’est tout à fait ce que j’essaye d’expliquer dans l’article : parfois les besoins sont contradictoires : d’un côté il faudrait un temps de pose assez long pour avoir un flou de mouvement au niveau des pales de l’hélicoptère, de l’autre, un temps de pose assez court pour éviter le flou de bougé du photographe, en particulier s’il utilise une longue focale.
      Qui a dit que faire de belle photos c’est facile ? 😉

      Dans ce cas de figure délicat, ce qui est sûr c’est que, si la vitesse d’obturation est trop rapide, les pales seront figées. Donc si l’on souhaite malgré tout garder un mouvement au niveau des pales de l’hélico, il faudra plutôt trouver des solutions pour gagner en stabilité lors de la prise de vue :
      – à main levée, activer le stabilisateur optique (les longues focales en sont généralement pourvues) et/ou trouver de quoi prendre appui…
      – utiliser un monopode ou un trépied avec idéalement une tête pendulaire…

      Si l’on joue avec des vitesses basses par rapport à la focale, le risque de flou de bougé et donc le taux de photos loupées sera en effet plus élevé. Il faut juste en être conscient : je ne suis pas pour mitrailler, même en numérique, mais dans certains cas comme celui-ci, il n’est pas inutile de se mettre en mode rafale pour multiplier ses chances de réussite.

      Dans les photos illustrant cet article, l’image 4 et 6 ont par exemple été prises avec une focale de 420mm (Objectif Canon EF 300mm f/4 + multiplicateur 1,4 avec le stabilisateur IS activé) à des vitesses d’obturation basses (1/80s et 1/50s). Donc c’est pas forcément très facile mais c’est possible !

  3. Un grand merci d’avoir partagé votre expérience qui m’a rendu une fière chandelle lors d’une prise de vue improvisée et imprévue avec des Écureuils.
    J’ai trouvé que le seul soucis à gérer lorsqu’on est pas en vol et que le ciel est clair, c’est le contre-jour. Pas si facile que ca de concilier vitesse et ouverture pour que l’hélicoptère soit correctement exposé. D’autant plus lorsqu’on est allongé sous l’appareil au décollage pour faire des clichés en contre-plongée.
    Bref, que du bonheur (!) lorsqu’on cherche des points de vue originaux.
    Encore merci pour votre article et bonnes continuation ! ^_^

    • Super, content que l’article ait été utile !

      oui, on retrouve un peu la même problématique avec des oiseaux en vol sur fond de ciel clair (le problème de rotation des pales en moins 🙂 ) : pour gérer au mieux le contre-jour, l’idéal (toujours plus facile à dire qu’à faire) est d’exposer à droite (sans cramer le ciel) et bien sûr de shooter en RAW pour retrouver en post-traitement le maximum de détails à la fois au niveau du sujet et du ciel…

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